Selon Karl Lagerfeld, la polémique concernant la maigreur des mannequins retouchées sur Photoshop dans la publicité est un « faux problème », car « personne dans la mode travaille avec des anorexiques » déclarait-il en 2012. Soit. Il est indéniable que l’image de ces corps maigres qui nous entourent, sur les affiches, les écrans et les magazines, influencent la manière dont nous jugeons notre propre corps. Des corps de femmes aux jambes infinies et la taille en sablier, des hommes aux abdos saillants et biceps sur-musclés : évidemment que cela est une manière erronée de représenter les corps que nous croisons au quotidien.

Pour palier à ce problème dans la publicité, un nouveau décret a été mis en place et entrera en vigueur le 1er octobre. Le « décret Photoshop » comme le nomme Numerama, concerne les photographies « insérées dans des messages publicitaires », à savoir : la presse, les affiches, le web, les catalogues ou les prospectus. Chacune de ces photographies devra apposer un signalement des retouches « de façon accessible, aisément lisible et clairement différenciée du message publicitaire ou promotionnel »

decret photoshop

Le site Vente-Privée.com s’est déjà mis en règle.

Le problème de cette loi est qu’elle fait son apparition un peu tard : alors que le gouvernement souhaite réduire les troubles du comportement alimentaires avec ce décret, les usages ont déjà changé. Le principal acteur du changement : les réseaux sociaux, sur lesquels les lois démontrent encore leur retard. Les stratégies publicitaires autour des produits concernant l’apparence sont en train de changer, laissant de l’espace aux blogueurs et influenceurs du web. Les vêtements et le make-up sont présentés dans les tutos, les marques sont taguées dans les stories Snapchat ou les légendes Instagram. Voilà les nouveaux modèles de ces jeunes que l’on souhaite protéger avec cette loi, déjà obsolète alors qu’elle n’est pas encore appliquée. Et pourtant, l’aspect irréel est le même que dans la publicité classique, il est simplement lové dans un décor plus intimiste. L’influenceur prendra plus d’une vingtaine de photos pour choisir celle qui le met le plus en valeur, choisira un joli filtre, et y ajoutera peut-être une touche de Photoshop. Pas sur que le « décret Photoshop » soit très utile dans ce genre de cas.

Source : Numérama.