Les actualités fusent sur le marché espagnol de la télécommunication. Pendant que Masmovil et Orange Espagne attendent la décision de la Commission européenne pour fusionner, le leader Telefónica a annoncé ce 5 septembre que le groupe Saudi Telecom Company (STC) avait acquis 9,9 % de son capital. Une décision qui n’a pas laissé indifférent le gouvernement espagnol.

Une opération évaluée à 2,1 milliards d’euros

« Nous sommes vraiment ravis d’unir nos forces avec l’une des principales sociétés de télécommunications de la région Moyen Orient » a déclaré Mark Evans, directeur de la stratégie et du développement de Telefónica. Il a également salué STC en affirmant que l’entreprise était « pleinement alignée sur l’objectif d’accélérer la transformation numérique des clients ».

Dans cette opération évaluée à 2,1 milliards d’euros, STC, le plus grand opérateur de télécommunications d’Arabie saoudite, obtient 9,9 % des actions de l’entreprise espagnole. De son côté, le groupe saoudien souligne que cette acquisition « représente une nouvelle étape dans la stratégie d’expansion et de croissance de STC ». Il reste toutefois mesuré, affirmant ne pas vouloir « prendre le contrôle ou une participation majoritaire dans Telefónica ».

Le chiffre de 9,9 % de part n’est pas anodin. Depuis 2020, si une entreprise étrangère à l’Espagne souhaite racheter plus de 10 % des parts d’une société ibérique, elle doit obtenir le feu vert de Madrid. La ministre espagnole de l’Économie par intérim, Nadia Calvino, a regretté mercredi avoir été informée seulement la veille par STC de son investissement. « Nous utiliserons tous les moyens à notre disposition pour défendre nos intérêts stratégiques » a-t-elle clamé à Bruxelles auprès des journalistes.

De son côté, la porte-parole du gouvernement, Isabel Rodriguez a signalé que « Telefónica est une entreprise stratégique pour l’Espagne et nous protégerons l’autonomie stratégique du pays ». Lors d’une interview à la chaîne publique TVE, elle a ajouté « Il existe des canaux permettant au gouvernement de superviser et de contrôler tous les investissements stratégiques, qui peuvent influencer l’autonomie stratégique ».

Une période difficile pour Telefónica

Dans tous les cas, cette opération intervient à un moment opportun pour Telefónica. L’entreprise est confrontée à une dette colossale dépassant 27 milliards d’euros, pour un chiffre d’affaires de 40 milliards d’euros. En 2022, l’entreprise a engrangé deux milliards d’euros de bénéfices, contre 8,1 milliards en 2021. La crise sanitaire est évidemment l’une des raisons de ces difficultés, mais l’entreprise fait également face à une forte concurrence sur son territoire.

En mars 2023, Orange Espagne et Masmovil ont annoncé vouloir fusionner. Cette future coentreprise pourrait décrocher la place de dauphin sur le marché. Toutefois, les deux sociétés doivent attendre les résultats de l’enquête de la Commission européenne pour valider ou non le mariage. En juin dernier, l’instance s’était montrée méfiante en redoutant des « hausses de prix considérables ».