Dans un communiqué de presse, on apprend que l’éditeur lyonnais Cegid s’offre Shine, la banque professionnelle devenue référence auprès des petites entreprises, dans une opération évaluée à plus d’un milliard d’euros.
Après un premier rachat par Société Générale en 2020, puis un passage sous le contrôle du groupe danois Ageras en 2024, la licorne change à nouveau d’horizon. Cette fois, l’acquéreur s’appelle Cegid, l’un des géants français du logiciel de gestion, fondé par Jean-Michel Aulas.
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Les deux entreprises annoncent s’être entendues pour unir leurs forces au sein d’un projet commun destiné aux PME et aux experts-comptables à travers l’Europe.
Un rapprochement pour bâtir un champion européen ?
Avec cette opération, Cegid récupère la brique transactionnelle qui lui manquait pour compléter son portefeuille déjà très présent dans la comptabilité, la paie, la fiscalité ou la gestion d’activité.
En effet, Shine apporte plus de 400 000 clients PME, faisant passer l’ensemble constitué avec Ageras au delà du million d’entreprises servies dans sept pays avec la France, l’Allemagne, l’Espagne, les Pays-Bas, le Portugal, le Danemark et la Belgique.
Pour Rico Andersen et Martin Hegelund, co-fondateurs de Shine, cette union vise la création du « premier hub financier véritablement unifié d’Europe« , pensé pour simplifier le quotidien administratif des dirigeants. Cegid confirme cette ambition dans un discours orienté vers la prochaine décennie, portée par la facturation électronique généralisée en 2026 et l’arrivée de nouvelles normes de reporting digital.
Du côté d’Ageras, intégré lui aussi à l’opération, le mouvement s’inscrit dans une stratégie de consolidation menée depuis plusieurs années. La plateforme danoise, forte de 320 000 clients et d’un chiffre d’affaires de 55,5 millions d’euros en 2024, avait elle-même racheté Shine auprès de Société Générale pour 130 millions d’euros l’an dernier.
Une mutation profonde du rôle des logiciels dans la gestion financière
Le contexte dans lequel intervient ce rachat explique en partie la valeur accordée à Shine. Longtemps, la banque représentait la porte d’entrée naturelle des petites entreprises vers leurs outils financiers. Mais la réalité s’est déplacée vers les éditeurs de logiciels, désormais capables d’intégrer la facturation, la comptabilité, la paie, les notes de frais ou encore les paiements dans des écosystèmes cohérents.
Aujourd’hui, la donnée joue un rôle de premier plan dans cette bascule. Là où les banques restent détentrices des fonds, elles n’ont plus l’avantage opérationnel, car les logiciels agrègent des flux bien plus granulaires, utiles pour faire tourner des modèles d’IA capables d’automatiser la comptabilité, repérer des anomalies ou anticiper la trésorerie. Et c’est précisément sur ce terrain que Cegid souhaite prendre de l’avance.
Christian Lucas, président de Cegid, voit dans cette acquisition « un investissement significatif dans la relation à long terme » avec la profession comptable et les petites entreprises, tout en consolidant un fleuron technologique français à l’échelle européenne…

