À mesure que les modèles d’intelligence artificielle s’imposent dans les usages professionnels comme dans le grand public, une question s’installe durablement dans le débat technologique : que sait-on réellement de leur fonctionnement ?

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Derrière des performances toujours plus spectaculaires, la documentation, les méthodes d’entraînement ou encore les mécanismes de gouvernance restent souvent flous. Une opacité qui interroge, alors même que ces systèmes influencent des décisions économiques, sociales et parfois politiques.

C’est précisément ce que met en lumière l’édition 2025 du FMTI (Foundation Model Transparency Index), publié par le Center for Research on Foundation Models de Stanford. Selon le rapport, la transparence recule dans l’industrie de l’IA, avec de forts écarts entre les acteurs…

Une industrie de plus en plus opaque selon Stanford

Les IA sont de moins en moins transparentes… - Source : FMTI

Les IA sont de moins en moins transparentes… – Source : FMTI

Le FMTI évalue chaque année les pratiques de transparence de 13 grands développeurs de modèles d’IA, sur une échelle de 100 points. En 2025, la moyenne chute à 40/100, contre 58 l’année précédente. Une baisse nette, qui traduit un désengagement global sur des sujets pourtant structurants comme les données d’entraînement, la gestion des risques ou l’impact sociétal.

L’étude révèle trois groupes distincts : une poignée d’acteurs en tête autour de 75 points, un peloton central proche de 35, et des retardataires sous la barre des 15. Certains noms bien connus du secteur affichent des reculs marqués. Meta passe ainsi de 60 à 31 points, tandis que Mistral AI tombe de 55 à 18 points. D’autres, comme xAI ou Midjourney, ferment quasiment totalement la porte aux informations publiques sur leurs modèles.

Au delà des scores, Stanford pointe une opacité systémique sur quatre sujets : les données utilisées pour l’entraînement, la puissance de calcul mobilisée, les usages réels des modèles et leurs conséquences environnementales et sociales. Sur ce dernier point, la quasi-totalité des entreprises étudiées ne communique aucune donnée sur leur consommation énergétique ou leurs émissions, malgré les études indépendantes qui se multiplient.

IBM, un contre-exemple revendiqué

IBM est le meilleur élève en matière de transparence - Source : FMTI

IBM est le meilleur élève en matière de transparence – Source : FMTI

Dans ce paysage contrasté, IBM se distingue nettement. L’entreprise obtient un score de 95/100, le plus élevé jamais enregistré depuis la création de l’indice. Une performance qui s’explique par un niveau de détail rarement atteint, car IBM est le seul acteur à fournir suffisamment d’informations pour permettre à des chercheurs externes de reproduire ses jeux de données d’entraînement, tout en ouvrant l’accès à des auditeurs indépendants.

Cette approche s’incarne dans la famille de modèles Granite, dont la version évaluée, Granite 3.3, a depuis laissé place à Granite 4.0. Ces modèles open source, sous licence Apache 2.0, se démarquent également avec une certification ISO 42001 et des signatures cryptographiques pour encadrer la sécurité et la gouvernance de modèles.

Un positionnement qui souligne que sans effort de transparence sur les pratiques et les impacts, l’IA reste une boîte noire, quel que soit son niveau de diffusion…

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