Facebook, Twitter, Instagram, YouTube, Periscope, et TikTok, partagent un point commun : avoir reçu une lourde amende le 4 novembre en Turquie. Cette sanction résulte de la mise en application d’une nouvelle loi qui selon ses détracteurs favorise la censure des opposants au président Recep Erdogan.

Six réseaux sociaux se sont dressés contre la nouvelle loi

Le Parlement turc a adopté fin juillet une loi imposant aux réseaux sociaux attirant plus d’un million de connexions uniques par jour d’avoir un représentant présent en permanence en Turquie et de retirer un contenu au bout de 48h si un tribunal local l’exigeait.

La loi est entrée en application en octobre, les plateformes avaient jusqu’au 2 novembre pour se mettre en conformité. Ömer Fatih Sayan, le vice-ministre des Transports et de l’Infrastructure, également responsable du cyberespace à déclarer selon Le Monde, qu’une « amende de 10 millions de livres turques [près d’un million d’euros] a été infligée aux fournisseurs de réseaux sociaux (…) qui n’ont pas déclaré avoir désigné un représentant à la fin du délai légal ».

Les plateformes concernées par l’amende sont Facebook, Twitter, Instagram, YouTube, Periscope et TikTok. Seul l’équivalent russe de Facebook, Vkontakte, se serait conformé à la loi dans les temps. Les autres plateformes ont sciemment décidé de ne pas se plier aux exigences turques arguant le risque pour la liberté d’expression de la mesure.

La Turquie bloque déjà beaucoup de sites et contenus

Il faut dire que le pouvoir turc n’y va pas de main morte. Le président Erdogan a particulièrement une dent contre Twitter. Pour le réseau, au premier semestre 2020, la Turquie était le pays ayant formulé le plus de demandes de retrait de contenu, 40 000 tweets sur l’ensemble de l’année. En 2019 la Turquie a bloqué l’accès à 408 000 sites, dont Wikipédia, 10 000 vidéos YouTube et 6 200 partages Facebook. En mai, l’épisode d’une série représentant le président turc était censuré sur Netflix. De tristes performances pour la liberté d’expression.

Selon la loi locale, elles risquent des amendes allant jusqu’à 30 millions de livres turques (environ 3 millions d’euros), une interdiction de faire de la publicité avec des entreprises turques et une limitation de la banque passante de 90%, rendant les sites pratiquement inutilisables. Pour le moment les six plateformes ont décidé de résister, mais pour combien de temps ? Plusieurs de ces entreprises ont déjà su contourner leurs valeurs de libre expression pour rester implanter dans un pays, Facebook au Vietnam, Google la maison mère de YouTube en Chine et TikTok du fait de ses relations avec la Chine.