Le rachat d’iRobot par Amazon est menacé par les régulateurs européens. La Commission songe très sérieusement à lancer une enquête approfondie sur l’acquisition, qui donnera au géant de l’e-commerce accès aux données personnelles de millions de personnes.

Trois autorités antitrust s’intéressent au rachat par Amazon

Annoncé en août 2022 pour 1,7 milliard de dollars, ce rachat a très vite attiré l’attention des régulateurs. Quelques semaines plus tard, la Federal Trade Commission (FTC), agence fédérale américaine qui protège les consommateurs et combat les pratiques anticoncurrentielles, lançait une enquête sur l’opération.

La Commission européenne s’est également penchée sur la question. Au mois de février, elle lançait une enquête préliminaire. Celle-ci pourrait évoluer en investigation approfondie dès le 6 juillet prochain, date qu’elle s’est fixée pour annoncer sa décision, rapporte Bloomberg. Le Royaume-Uni s’intéresse aussi à cette affaire. La Competition and Markets Authority (CMA) décidera d’ici au 16 juin si elle son enquête deviendra approfondie.

Un potentiel risque pour les données personnelles et pour la concurrence

iRobot commercialise, entre autres, les célèbres aspirateurs intelligents Roomba, qui se sont écoulés à plus de 40 millions d’exemplaires. Son rachat par Amazon inquiète les régulateurs sur deux points. L’entreprise va se positionner en tant qu’acteur dominant sur le marché des robots domotiques, mais également accéder aux informations de reconnaissance spatiale récoltées par les aspirateurs au sein du foyer de leurs détenteurs.

« Les gens ont tendance à penser qu’Amazon est une société de vente en ligne, mais en réalité Amazon est une société de surveillance. C’est le cœur de son modèle économique, et c’est ce qui alimente son pouvoir de monopole et ses bénéfices. Amazon veut avoir les mains partout, et l’acquisition d’une société qui est essentiellement construite sur la cartographie de l’intérieur des maisons des gens semble être une extension naturelle de la portée de surveillance qu’Amazon a déjà », dénonçait Evan Greer, directeur de l’organisation à but non lucratif de défense des droits numériques Fight for the Future, lors de l’annonce de l’acquisition.

Pour sa part, Amazon se défend en affirmant être « un très bon gestionnaire des données des personnes dans toutes ses activités ». Elle assure que l’acquisition d’iRobot n’est pas pensée pour recueillir des renseignements sur les foyers des clients de l’entreprise. Concernant la potentielle enquête de l’UE, le géant américain explique « travailler en coopération avec les autorités de régulation compétentes dans le cadre de l’examen de cette fusion ».