Le marché de la livraison de courses n’aura finalement pas pris le pas sur le traditionnel supermarché. Après avoir profité des périodes de confinement, le groupe Getir comprenant Gorillas et Frichti, a été placé en redressement judiciaire en début de mois par le tribunal de commerce de Paris. Un plan de licenciement de 900 salariés en France a été présenté au comité social et économique (CSE).

Une chute aussi fulgurante que le démarrage

Le groupe Turc qui avait levé 1,8 milliard de dollars en deux ans, précurseur de la livraison ultra-rapide de courses à domicile et accessible, n’a pas su maintenir ses performances après le Covid. Getir était pourtant devenue la plus grande entreprise de commerce rapide d’Europe après l’acquisition de Gorillas pour 1,2 milliard de dollars. Implantée dans plusieurs pays européens, dont le Royaume-Uni, l’Allemagne, la France, l’Italie, l’Espagne, les Pays-Bas et le Portugal, elle était en passe de devenir le leader incontesté de la livraison de courses en Europe. Projetant même il y a un mois le rachat de la firme allemande Flink.

Mais que s’est-il passé ? Alors que les restrictions liées au Covid-19 se sont assouplies et que les consommateurs ont repris leurs habitudes dans les supermarchés, le marché de la livraison de courses à domicile a commencé à perdre de la vitesse. De plus, Getir comme tous ses concurrents, s’est retrouvé face à un contexte socio-économique instable et défavorable. L’inflation ne permettant plus aux consommateurs de s’offrir le luxe d’une livraison de courses à domicile.

Pour son modèle économique, les charges sont bien trop lourdes comparées aux dépenses élevées de l’entreprise. Les livreurs embauchés en CDD et CDI, le coût de l’essence, le niveau élevé des loyers et les investissements conséquents en marketing ont laissé une dette de 17,6 millions d’euros à l’entreprise. Le secteur n’attire plus les investisseurs et Getir est pris au piège.

Le redressement judiciaire prononcé le 3 mai 2023 doit donner aux trois entreprises de Getir en France le temps nécessaire pour trouver un modèle durable, selon un communiqué relayé par Le Figaro. Un plan social assurerait la pérennité de ses opérations de livraison en préconisant le licenciement de 50 % de ses effectifs soit 900 salariés en France. Le groupe a précisé qu’il s’acquittera des indemnités légales requises et s’engage à répartir ses salariés sur ses autres entités. Une cellule psychologique est également prévue ainsi qu’un accompagnement professionnel personnalisé.

Le marché de la livraison rapide montre de grands signes de faiblesse. Depuis quelques mois, les licenciements au sein des start-up se multiplient. Deliveroo poursuit sa politique de baisse des dépenses et envisage de licencier 9 % de ses effectifs. L’été dernier, Just Eat annonçait se séparer de 350 livreurs.