Alors que l’intelligence artificielle (IA) générative continue d’envahir les open spaces, le secteur professionnel se questionne. Selon une étude de l’Institut d’études opinion et marketing en France (IFOP) commandée par le groupe de conseil Talan, 68 % des Français qui s’en servent en entreprise le font sans en référer à leur responsable. Une situation qui ouvre la porte à de nombreux risques et qui pourrait s’apparenter à du shadow IT, l’utilisation d’une technologie sans en informer les personnes responsables de la sécurité informatique.

Vers un phénomène de shadow IT ?

En France, 71 % des 1 008 personnes interrogées ont indiqué avoir déjà entendu parler de l’IA générative. Parmi les outils les plus connus revient ChatGPT à 62 %, suivi de Bing et OpenAI à 16 %, et de Midjourney à 12 %. Si 74 % d’entre eux estiment que cette technologie constitue « une nouvelle révolution industrielle », moins d’un Français sur deux l’utilise à la fois dans un cadre personnel et professionnel. Laurent Cervoni, directeur du centre de recherche et innovation pour Talan, souligne que « ces chiffres indiquent une forte poussée de ces technologies d’intelligence artificielle au sein de la population ».

Infographie IA générative

Infographie : IFOP et Talan.

Au sein des sociétés, 68 % des individus ayant recours à l’IA générative pour compléter leur travail le cachent à leur supérieur hiérarchique. Cette utilisation dissimulée comporte des dangers, notamment de « viabilité des informations professionnelles, de cybersécurité, de fuites d’informations ». Début mai, Samsung interdisait l’usage de l’intelligence artificielle générative à ses équipes après qu’une partie de son code source interne a été téléversée sur ChatGPT pour le corriger.

Pour Laurent Cervoni, « il faut, pour les entreprises, mettre en place des stratégies préventives d’accompagnement des collaborateurs afin qu’ils se sentent libres de déclarer cet usage sans se sentir dévalorisés, mal jugés ou qu’ils craignent de perdre leur emploi ». Selon lui, il est essentiel d’organiser plus de formations et de faire preuve de prévention face à cette technologie grandissante.

La nécessité des formations à l’IA générative

Parmi les personnes sondées, 45 % des 18 à 24 ans révèlent se servir de l’intelligence artificielle générative, là où ce nombre tombe à 18 % chez les 35 ans et plus. Pour autant, 72 % des Français pensent ne pas avoir suffisamment de connaissances pour utiliser correctement les services de ChatGPT et autres modèles de langage. Une solution envisagée serait, pour 51 % des répondants, de laisser les établissements scolaires présenter les avantages et les inconvénients de ces technologies.

« Ce sondage fait apparaître un véritable choc générationnel », commente Laurent Cervoni, « il va inévitablement y avoir des problèmes managériaux au sein des entreprises et notamment sur la compréhension et l’usage de ces outils ». Aussi, pour limiter la pratique cachée de l’IA générative, il préconise aux sociétés de former leurs collaborateurs avant l’arrivée de la nouvelle génération.