En signant un partenariat avec l’entreprise Helion Energy, Microsoft vient de faire un pari très osé dans la fusion nucléaire, une énergie propre au potentiel immense mais que l’humanité n’a pas encore réussi à élaborer.

La fusion nucléaire, le Saint Graal de l’énergie

Étudiée par les scientifiques depuis les années 50, la fusion nucléaire consiste à reproduire la réaction qui alimente les étoiles et les transforme en source d’énergie quasi infinie. Contrairement à la fission nucléaire, technique actuellement exploitée dans les centrales nucléaires du monde entier, la fusion ne produit pas de déchets radioactifs. En parvenant à la reproduire, l’humanité mettrait ainsi la main sur une source d’énergie propre et infinie, mais le chemin reste encore très long.

Cela ne semble pas rebuter Microsoft, qui vient de passer un accord pour acheter de l’électricité à l’entreprise américaine Helion. L’objectif de ce dernier est de brancher le premier générateur de fusion commercial au monde, et donc construit par Helion, sur un réseau électrique dans l’État de Washington dès 2028, pour produire au moins 50 mégawatts d’électricité.

« Nous sommes convaincus que l’énergie de fusion peut être une technologie importante pour aider le monde à passer à l’énergie propre. L’annonce d’Helion soutient nos propres objectifs à long terme en matière d’énergie propre et fera progresser le marché en établissant une nouvelle méthode efficace pour apporter plus d’énergie propre au réseau, plus rapidement », déclare Brad Smith, le président de Microsoft.

2028, une date très ambitieuse pour Helion

La technologie d’Helion consiste à capturer l’énergie créée à partir de la fusion du deutérium et de l’hélium 3, engendrée après que les éléments aient été chauffés à 100 millions de degrés dans un accélérateur de plasma. Pour l’heure, la société a construit dix prototypes fonctionnels, mais elle n’a pas encore franchi le seuil d’ignition, étape cruciale dans le développement de la fusion nucléaire. Atteint pour la première fois par des chercheurs américains l’année dernière, il correspond au moment où plus d’énergie est produite que consommée, et que la réaction nucléaire se suffit à elle-même. Helion estime que son septième prototype sera en mesure d’y parvenir en 2024.

La date de 2028 reste tout de même très ambitieuse, certains experts considérant que la fusion nucléaire ne pourra être mise en œuvre que dans plusieurs décennies. « Cette collaboration représente une étape importante pour Helion et l’industrie de la fusion dans son ensemble. Nous sommes reconnaissants du soutien d’une entreprise visionnaire comme Microsoft. Nous avons encore beaucoup de travail à faire, mais nous sommes confiants dans notre capacité à fournir la première installation de production d’énergie par fusion au monde », assure David Kirtley, le PDG d’Helion.

Il est important de noter que Sam Altman, le dirigeant d’OpenAI, est le président du conseil d’administration d’Helion et son principal investisseur, rapporte The Verge. L’accord entre Microsoft et Helion a potentiellement été encouragé par ce dernier, alors que la firme de Redmond est également en étroite collaboration avec OpenAI.