Comme beaucoup de plateformes, Spotify est confrontée aux dérives de l’intelligence artificielle. Le leader suédois du streaming musical a supprimé 7 % des musiques diffusées par les utilisateurs de l’application Boomy. Des dizaines de milliers de titres issus de l’intelligence artificielle ont bénéficié de fausses écoutes générées par des robots.

Spotify touchée par « la manipulation de flux »

Après avoir suspecté un flux anormal sur les titres provenant de la start-up américaine Boomy, Spotify a décidé le 1er mai d’en supprimer une partie en les grisant. Régulièrement confrontée à des écoutes frauduleuses par des robots, la plateforme réprime d’autant plus des musiques générées par l’intelligence artificielle comme celles de Boomy.

À l’image de JukeBox d’OpenAI ou de MusicLM par Google, Boomy est une application créée en 2022 permettant de générer de la musique à partir de sons et de voix déjà existantes. Il est ensuite possible pour les utilisateurs de diffuser leurs titres sur Spotify et de percevoir des redevances.

L’achat de flux, à l’instar des achats de “like” sur Instagram ou de faux commentaires sur Google, est une problématique récurente pour les plateformes musicales. Lucian Grainge, directeur d’Universal Music Group, dénonce depuis plusieurs mois une manipulation croissante du système, dont le “streaming artificiel”.

Un porte-parole de Spotify a déclaré que « Le streaming artificiel est un problème de longue date à l’échelle de l’industrie que Spotify s’efforce d’éradiquer sur l’ensemble de notre service ». Selon une étude du Centre National de Musique (CNM), entre 1 % et 3 % de toute la musique diffusée en streaming en France est frauduleuse.

En réponse aux sanctions de Spotify, Boomy n’a eu d’autres choix que de travailler avec des partenaires de l’industrie pour contrôler le streaming artificiel et la manipulation de flux. Les utilisateurs de l’application peuvent, depuis le 6 mai dernier, de nouveau partager leurs titres sur Spotify.

Cependant, d’autres questionnements liés à l’intelligence artificielle dans l’industrie de la musique restent en suspens.

La question de droits d’auteur avec l’IA générative

L’IA générative dans l’industrie musicale pose un problème légal autour du droit d’auteur. Les utilisateurs créant des pistes musicales à partir de contenus déjà existants n’ont pas les consentements requis. Pire encore, ils obtiennent des redevances qui ne leur sont légalement pas destinées. Les droits des artistes sont alors menacés.

Selon une déclaration de Alex Mitchell, co-fondateur de Boomy, à la BBC, « Boomy transmettrait 80 % des redevances de streaming à la personne qui crée la chanson ».

En avril dernier, un exemple a parfaitement illustré la problématique. Un scandale a éclaté suite à la sortie d’un « tube » des deux plus gros vendeurs de disques au monde, The Weeknd et Drake. 250 000 écoutes sur Spotify. Pourtant, le morceau “Heart on My Sleeve” était une création purement robotique. Le lundi suivant sa sortie, le titre a été retiré de toutes les plateformes.