La scission d’Alibaba en six unités distinctes commence à prendre effet. Deux de ses divisions seraient d’ores et déjà en train de préparer leur introduction en bourse, une possibilité qui avaient été mises en avant par le PDG du groupe, Daniel Zhang, lors de l’annonce.

Cainiao à Hong Kong et Global Digital Commerce Group à New York ?

Cette restructuration, la plus importante de l’histoire du groupe, fait passer Alibaba au statut de société holding, et permet à ses unités de rechercher des sources de financement extérieures si elles le souhaitent. Cela semble déjà être le cas pour Cainiao Smart Logistics, qui gère une plateforme de logistique collaborative reliant les fournisseurs, les entrepôts, les transporteurs et les clients finaux.

Selon Reuters, Cainiao envisage de lever jusqu’à 2 milliards de dollars via une introduction en bourse qui devrait avoir lieu à Hong Kong début 2024. Les négociateurs espèrent que cette potentielle IPO pourrait contribuer à relancer les activités de collecte de fonds à Hong Kong, qui sont en perte de vitesse. En amont, Bloomberg rapporte que Global Digital Commerce Group, unité qui supervise les activités internationales d’Alibaba dans l’e-commerce, y compris AliExpress et Lazada, contemple également une entrée en bourse l’année prochaine, mais à New York cette fois.

Les délibérations sont encore préliminaires et la situation peut changer, selon les sources proches du dossier avec lesquelles le média s’est entretenu.

Une IPO aux États-Unis semble très compliquée

Cette manœuvre permettrait à Global Digital Commerce Group, qui est notamment en concurrence avec Amazon, d’attirer des investisseurs mondiaux quelque peu hésitants à injecter des ressources directement en Chine, alors que la guerre commerciale que le pays et les États-Unis se vouent s’intensifie.

Si pour l’heure, ce projet d’IPO n’a pas été confirmé, il soulève de nombreuses questions. Ces dernières années, la Chine a pris diverses mesures pour empêcher à ses entreprises de s’introduire en bourse à New York, par exemple en complexifiant drastiquement le processus pour y parvenir. En parallèle, les États-Unis se montrent plus réfractaires à l’arrivée de firmes chinoises sur leur marché, et ont même menacé près de 200 entreprises issues de l’Empire du Milieu d’exclusion de la bourse de New York.

La valeur moyenne des introductions en bourse de sociétés chinoises en 2020 était de 401 dollars, contre 347 millions de dollars en 2021. Un chiffre qui a encore baissé en 2022. En 2023, quelques IPO ont eu lieu, mais il est important de noter que chacune des entreprises ne jouissait pas du statut de géant technologique. L’arrivée d’une unité d’Alibaba sur le marché américain serait probablement scrutée de bien plus près des deux côtés de l’océan Pacifique.

Pékin assouplit la réglementation des big tech

Le fait que ces différentes sociétés soient tentées par une entrée en bourse témoigne de l’assouplissement du contrôle exercé par Pékin sur les big tech chinoises. Pour rappel, les autorités ont suspendu, fin 2020, l’IPO d’Ant Group après des propos jugés déplacés de Jack Ma, fondateur de la fintech et d’Alibaba.

S’en est suivi une vaste reprise en main du secteur technologique chinois, et très particulièrement d’Alibaba et d’Ant Group. Le géant de l’e-commerce a d’ailleurs écopé d’une amende record de 2,3 milliards d’euros pour pratiques anticoncurrentielles.

Alors que l’économie chinoise a été mise à mal par le Covid-19, Pékin a décidé de calmer le jeu, et a même encouragé la restructuration d’Alibaba. Si le gouvernement devrait saluer des entrées en bourse en Chine ou à Hong Kong, il n’est néanmoins pas certain qu’il soit en faveur d’une IPO new-yorkaise pour l’une des unités de l’entreprise.

Pour sa part, Global Digital Commerce Group désamorce la situation et assure que pour le moment, aucune introduction en bourse n’est prévue.