Selon une récente étude menée par l’Arcep, le numérique représente 3 à 4 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde et 2,5 % de l’empreinte carbone. Ce chiffre devrait continuer à croître en raison de notre consommation du digital en constante augmentation. Aujourd’hui, il est donc urgent d’aller vers une ère de « sobriété numérique » en déployant une démarche de Green IT. Cela consiste à mettre en place de nouvelles pratiques pour réduire la pollution numérique générée par les systèmes d’information.

Pour discuter de cet enjeu majeur, Siècle Digital a échangé avec Stéphane Vanrechem, Senior Analyst chez Forrester, cabinets d’études et de conseils mondialement reconnu. L’expert présentera les résultats du dernier rapport de Forrester sur le Green IT lors de Ready For IT, qui se tiendra du 23 au 25 mai 2023 à Monaco.

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L’IT, un secteur qui a un impact considérable sur l’environnement

Dans un rapport édité en 2020, le Sénat s’inquiétait déjà de l’impact du numérique sur l’environnement. D’après celui-ci, les émissions de gaz à effet de serre pourraient augmenter de 60 % d’ici à 2040 si aucun dispositif n’est adopté pour réduire l’empreinte du numérique. Cela représente 6,7 % de l’empreinte carbone nationale. Ce chiffre souligne aujourd’hui l’urgence de la situation.

Afin de lutter contre ce fléau environnemental, il convient avant tout de s’intéresser à ce qui caractérise la pollution numérique. L’ADEME identifie trois sources principales : les équipements des consommateurs (47 %) ; les infrastructures réseau (28 %) ; les data centers (25 %).

À l’échelle d’une société, la pollution du numérique et de l’IT revêt aussi plusieurs visages. Nous distinguons même trois scopes. « Il y a le premier, qui est l’entreprise elle-même, avec les personnes qui la composent, les produits ou les services ou les biens qu’elle produit et les véhicules qu’elle possède », explique Stéphane Vanrechem. Le second couvre l’électricité qui est fournie à la société pour fonctionner.

« Nous avons ensuite le scope 3 amont qui concerne toutes les matières premières qui rentrent dans l’organisation pour qu’elle puisse produire ses chaînes de valeur. Il y a également le scope 3 descendant qui est l’utilisation des produits, des services ou des biens qui ont été construits par l’entreprise et utilisés par chacun d’entre nous », poursuit le spécialiste.

D’un point de vue global, l’IT contribue à 26 % des émissions de gaz carbonique, souligne une étude réalisée par Forrester. Toutefois, certaines industries polluent plus que d’autres. Comme le rappelle Stéphane Vanrechem, « pour des domaines comme les services financiers, qui produisent énormément d’immatériels, des prêts et des assurances, l’IT a un rôle qui est beaucoup plus important que d’autres industries ».

Dans les sociétés de ce secteur, l’IT correspond à 45 % de leur empreinte carbone. Il en est de même dans les grosses entreprises de la Tech, où le chiffre s’élève à 41 %. « En revanche, dans le retail, l’énergie ou la manufacture, l’IT a une dimension qui est nettement inférieure : nous ne sommes qu’aux alentours de 10 à 12 % », souligne le Senior Analyst.

Le Green IT, vecteur d’opportunités pour les entreprises

Dans un tel contexte, le Green IT se présente comme une nécessité environnementale, mais aussi une opportunité pour les entreprises. Il permet d’ajouter plus de sens au travail des individus qui contribuent au développement des sociétés et de leur IT, qui s’engagent alors dans une véritable démarche environnementale. Pour l’expert de Forrester, « c’est aussi une opportunité d’attirer de nouveaux investisseurs. Au moment d’investir, ils vont regarder les entreprises qui œuvrent pour le développement durable, et celles qui ne le font pas. Leur choix est vite fait ».

Du côté des consommateurs, les attentes sont également hautes. Ils attendent que les organisations mettent en valeur leurs engagements sociaux et environnementaux. Selon une étude de l’ADEME, 64 % d’entre eux font davantage confiance aux sociétés qui leur proposent des produits durables. Aller dans ce sens peut aider à se distinguer auprès des acheteurs.

Transitionner vers le Green IT : comment s’y prendre ?

Transitionner vers le Green IT implique de repenser plusieurs pans d’une organisation. Stéphane Vanrechem distingue trois domaines dans lesquels il est possible d’intervenir :

  • développement, comme l’écriture de programmes ;
  • la workplace, c’est-à-dire tous les appareils électroniques utilisés pour travailler ;
  • l’infrastructure.

Pour ce dernier, plusieurs éléments sont à considérer, à commencer par la partie réseau du data center de l’entreprise. « Il faut voir ce qui peut être mis en œuvre, comme le remplacement de vieux composants qui consomment de l’électricité par de nouvelles classes de composants », conseille l’expert de Forrester. « Il est aussi important de s’intéresser à la gestion de la fin de vie des composants électroniques, donc les hubs, etc. », ajoute-t-il. Négocier avec le fournisseur de ces fameux composants pour qu’ils soient recyclés ou rénovés est également utile.

Quant à la partie logicielle, il convient de suivre la consommation d’énergie de chaque application de la société. Cela permet d’identifier les architectures qui consomment beaucoup, ou peu.

« La troisième chose opérationnelle qu’il faut bien prendre en compte, c’est le décommissionnement d’applications », souligne Stéphane Vanrechem. Pour rappel, cela consiste à retirer certaines applications du système d’information d’une entreprise, car elles sont devenues obsolètes, ou bien pour des raisons stratégiques et budgétaires. D’un point de vue environnemental, cela permet de faire gagner de l’électricité.

Pour le côté développement, la diminution de l’empreinte carbone peut être effectuée par l’intermédiaire de deux personas. Le premier, ce sont les architectes. Ces derniers supervisent l’analyse technique essentielle à la création du diagramme d’architecture, qui est le plan de construction d’un logiciel. « Ils doivent créer un diagramme d’environnement. Cela implique de mettre au centre du système ce que nous voulons construire et, autour, les différentes parties prenantes qui interagissent avec », explique le spécialiste. « Il faut aussi aborder la création d’applications avec une approche frugale », poursuit-il. De cette façon, l’app peut évoluer facilement.

Le second persona est les développeurs. Ils s’assurent que les pratiques d’écodesign soient bien appliquées : utile, utilisable, utilisé et réutilisable. « Il faut aussi éviter la duplication de données parce que d’une part, ça peut introduire des incohérences et d’autre part, votre donnée utilise alors des disques et de l’électricité », insiste-t-il.

« Des moteurs permettant de faire de la revue de code automatique peuvent également être exploités. Ils analysent votre code et, en fonction des règles qui ont été établies, vous mettent en garde par rapport à la consommation de CPU ou la RAM », explique Stéphane Vanrechem.

Au niveau du workplace, plusieurs pratiques simples peuvent être adoptées. Connecter son mobile au WiFi plutôt qu’en 4G et n’envoyer des e-mails qu’aux personnes nécessaires sont quelques-unes d’entre elles. Mettre en place le mode sombre sur ses appareils est aussi important, car cela fait économiser de la batterie.

Réduire la pollution du numérique et de l’IT constitue donc un effort collectif qui est fait de petites actions simples comme d’importants changements internes. Les mettre en œuvre est autant une nécessité qu’un facteur de différenciation stratégique pour les entreprises. Stéphane Vanrechem vous en dira plus sur le sujet lors du Ready For IT. Pour s’inscrire, tout se passe sur le site de l’événement.

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À propos de Ready For IT :

Ready Dor IT est l’événement One to One où se rencontrent des décideurs porteurs de projets et potentiels acheteurs « invités » : DSI, RSSI, CTO, Directeur Innovation et les meilleurs fournisseurs de solutions « partenaires » de la transition et de la sécurité numériques. Avec des rendez-vous sur-mesure pré organisés, un programme de contenus, des retours d’expérience et des moments de networking entre pairs.

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