Une cour fédérale brésilienne a ordonné aux FAI et aux boutiques d’applications de Google et d’Apple de suspendre Telegram le 26 avril. Il est reproché à la plateforme d’avoir répondu de façon incomplète à une demande d’information des autorités sur deux chaînes néonazies.

Telegram a déjà été menacé de suspension au Brésil

« Les plateformes doivent collaborer avec la société pour prévenir les actes de violence causés par des extrémistes. Le Brésil n’est pas une terre sans loi » a commenté le ministre brésilien des Communications Paula Pimenta sur la suspension de Telegram.

C’est cinq jours avant que la plateforme, d’origine russe, mais basée à Dubaï, ait suscité le courroux de la justice. Elle venait de transmettre des données très parcellaires sur deux chaînes néonazies sur son réseau. Un adolescent accusé de quatre meurtres dans une école de l’État d’Espírito Santo en novembre y était inscrit. Sur ces chaînes ? Tutoriel pour fabriquer des bombes, tuer, vidéos violentes, contenus nazis.

La plateforme n’a révélé aux autorités que le nom de l’administrateur de la chaîne « Mouvement antisémite brésilien », en omettant la liste des membres et les numéros de téléphone des utilisateurs. Sur la seconde chaîne, « le front antisémite », aucune information n’a été délivrée. Telegram le justifie par la suppression de la chaîne.

En sus de la suspension, la messagerie devra payer un million de réais par jour (180 000 euros), tant que les données n’auront pas été transmises. Elle a la possibilité de faire appel de la décision.

Le New York Times rapporte que le ministre de Justice, Flavio Dino, mène actuellement une vaste politique contre les violences dans les écoles. Sur la décision de la cour, il a déclaré « Le mouvement dit antisémite agit sur ces réseaux. Et nous savons qu’il est à l’origine de la violence contre nos enfants et nos adolescents ».

Ce n’est pas la première fois que Telegram, très populaire au Brésil avec WhatsApp, a maille à partir avec la justice. Au cours de la campagne présidentielle 2022 très tendue entre Jair Bolsonaro, le président marqué très à droite en place et le socialiste et ancien président Lula, la Cour suprême l’avait suspendu.

La messagerie a été accusée de ne pas avoir répondu à la demande de suppression d’une chaîne, d’un soutien de Jair Bolsonaro, diffusant de fausses informations. Déjà à l’époque, le manque de coopération de la plateforme lui a porté préjudice. Cette dernière, pour qui le marché brésilien est majeur, avait plaidé l’erreur de bonne foi. La décision avait été annulée rapidement.