Ce jeudi 27 avril, Bouygues et ISAI s’unissent pour créer un fonds d’investissement de 80 millions d’euros : ISAI Build Venture. Par la renommée mondiale de Bouygues et le savoir-faire technologique d’ISAI, l’objectif sera d’accompagner les métiers de la construction vers la transition digitale et la décarbonisation.

Deux expertises au service des métiers Bouygues

Le challenge est de taille pour un secteur à la traîne sur la révolution du numérique. Si certaines technologies ont fait leur apparition sur les chantiers, les métiers de la construction n’ont pas beaucoup évolué ces dernières années. À travers cet investissement, Edward Bouygues, directeur général délégué de la société, souhaite positionner Bouygues comme acteur majeur de cette transition.

ISAI Build Venture servira à investir des tickets de 500 000 à 5 millions d’euros dans des tours de financement globaux allant de l’amorçage à la série B, voire C. Le financement de série C étant l’un des financements les plus rares lors d’une levée de fonds car très conséquent. A contrario, l’amorçage répond aux premiers besoins de financement de l’entreprise.

Géographiquement, la sélection des candidates sera mondiale, priorisant l’Europe et les États-Unis. En investissant dans des start-up internationales qui développent des solutions software et hardware, le fonds servira à transformer et décarboner les métiers de Bouygues.

L’entreprise a choisi ISAI comme partenaire pour plusieurs raisons. Il est le pionnier de l’investissement dans la French-Tech et l’un des acteurs les plus respectés sur le marché du capital-risque. Celui-ci se caractérise par la participation minoritaire et temporaire dans le capital d’entreprises naissantes. ISAI représente de ce fait le partenaire idéal pour Bouygues.

Comme l’explique le directeur une interview, « Bouygues réfléchissait à la meilleure manière de s’y prendre et ISAI est sortie du lot car la marque est connue, le track record est bon [ndlr : track record est un historique des transactions réalisées par un investisseur ou un groupe d’investisseurs sur une période donnée]. Quand on les a rencontré, ça a bien matché ».

Alors que ISAI aura plutôt un rôle de sourceur et d’interlocuteur direct avec les start-up, Bouygues viendra apporter son expertise et son savoir-faire des métiers de la construction. Les deux patrons semblent se rejoindre sur le fait que ces métiers sont aux prémices de leur transition numérique et environnementale.

L’investissement progresse dans les technologies de la construction

Certains risques ont cependant été soulignés durant l’interview. Premièrement les start-up pourraient craindre l’investissement d’un géant industriel. En effet, elles craignent d’être bloquées sur les tours suivants ou à la revente. Un argument très vite réfuté par le patron de Bouygues soutenant que la démarche est avant tout d’apporter des innovations au secteur et non pas de se positionner comme « le meneur » dans la relation.

Par ailleurs, le marché du capital-risque connaît actuellement une crise du financement, les indicateurs ont changé. Le président d’ISAI, Jean-David Chamboredon, ne semble pas effrayé par la situation et pense pouvoir faire des bons investissements en étant créatif. « Aujourd’hui celui qui a de l’argent est quand même le bienvenu » ajoute-t-il dans l’interview.

Selon une analyse des créateurs du fonds d’investissement A/0 PropTech, spécialisé dans le monde de la construction, 2022 a été une année record pour les investissements à risque. Plus de 2,2 milliards de dollars ont été investis par des sociétés en capital-risque dans des start-up américaines et européennes.

Une tendance se dessinerait vers les investissements dans des solutions innovantes de conception et d’approvisionnement. Selon eux, c’est l’Europe qui, par des réglementations strictes en matière de construction écologique, sera forcée de développer en première des nouvelles technologies de construction.

En investissant 80 millions d’euros dans une seule structure, Bouygues et ISAI font un pari sur l’avenir. Même s’ils ne souhaitent pas faire de pronostics, les deux patrons parlent déjà d’un potentiel deuxième fonds d’investissement à long terme.