La crise qui touche le secteur des semi-conducteurs devrait durer plus longtemps que prévu, selon les acteurs du marché. Ils estiment néanmoins qu’une amélioration devrait avoir lieu d’ici à la fin de l’année.
Plus d’offre que de demande
La demande en puces électroniques a littéralement explosé pendant la pandémie. Bloqués chez eux, les consommateurs ont utilisé ordinateurs, smartphones et tablettes aussi bien pour travailler que pour échanger avec leurs proches. Le secteur a tellement été mis sous pression qu’il a subi une importante pénurie.
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Désormais, l’inflation des prix entraîne les utilisateurs à revoir leurs plans, faisant largement baisser la demande en matériel électronique, particulièrement dans les marchés du PC et du smartphone. À titre d’exemple, Apple devrait annoncer une baisse de 5 % de son chiffre d’affaires trimestriel, la baisse de la demande d’iPhone s’ajoutant à une chute prévue de 25 % des ventes de Mac, selon les prévisions des analystes.
Les constructeurs de puces se retrouvent désormais avec d’immenses stocks non écoulés, dans un contexte de ralentissement économique qui dure depuis plusieurs mois. TSMC, plus importante fonderie de semi-conducteurs au monde, a vu son chiffre d’affaires chuter sur deux trimestres consécutifs, et s’attend à ce que ses ventes en 2023 soient globalement dans le négatif.
« L’ajustement des stocks de semi-conducteurs au premier semestre 2023 prend plus de temps que nos prévisions antérieures. Il pourrait se prolonger jusqu’au troisième trimestre de cette année avant de se rééquilibrer à un niveau plus sain », a expliqué CC Wei, directeur général de TSMC, à ses investisseurs lors d’un entretien téléphonique rapporté par le Financial Times.
Un phénomène propre à l’industrie des semi-conducteurs
Pour sa part, le géant américain des puces Intel devrait prochainement faire état d’une baisse de 39 % en glissement annuel de son chiffre d’affaires, une chute encore plus marquée que celle qu’il avait enregistré dans le sillage de la crise financière de 2008. La Semiconductor Industry Association, qui représente les acteurs de l’industrie des semi-conducteurs aux États-Unis, a annoncé que les ventes mondiales ont chuté de 20,7 % en février 2023 par rapport à la même période de l’année dernière, soit le sixième mois consécutif en baisse.
Il s’agit d’un phénomène propre au secteur des semi-conducteurs, qui est périodiquement frappé par un cycle baissier, avec une offre plus haute que la demande. Néanmoins, l’ampleur de celui qu’il traverse actuellement est sans précédent, car jamais autant d’industries n’ont autant dépendu de cette technologie.
La course à l’IA pourrait changer la tendance
Selon le PDG de TSMC, une amélioration devrait être observée à la fin 2023. Même son de cloche pour Peter Wennink, directeur général d’ASML, fournisseur d’équipements de pointe pour la fabrication de puces. Il estime que ces résultats négatifs perdureront encore « un ou deux trimestres de plus ».
Un facteur pourrait permettre à l’industrie de se relever plus rapidement : la course à l’intelligence artificielle. De plus en plus d’acteurs ont besoin de processeurs ultra performants, majoritairement conçus par Nvidia. Or, les constructeurs peinent pour le moment à produire assez pour satisfaire la demande, car personne ne s’attendait à ce que la demande explose à ce point.
Si pour l’heure, cela ne permet pas aux entreprises de semi-conducteurs et de puces électroniques de se redresser, cette tendance devrait aider à améliorer leur situation sur le long terme.
