La Chine étant devenue le premier marché mondial de l’automobile, le salon géant de Shanghaï est un incontournable pour le secteur. La vingtième édition a ouvert ses portes mardi avec les voitures électriques en vitrine. En coulisse, les acteurs du secteur se livrent une guerre des prix qui se répercute jusqu’en Europe.
BYD et Tesla dominent en Chine
Durant l’événement, Volkswagen dévoilera l’ID.7, une berline électrique haut de gamme, et Mercedes présentera sa Maybach EQS 680, un 4×4 urbain électrique. Les marques locales sont aussi de la partie : BYD, Nio, Xpeng ou encore Li Auto révéleront elles aussi de nouveaux modèles.
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Temple de l’automobile, la Chine occupe aussi et surtout une place prépondérante dans l’électrique, spécialité du salon de l’auto chinois. Sur l’ensemble de l’année, 4,42 millions de véhicules électriques et 1,24 million de véhicules hybrides y ont été écoulés. Pour 2023, l’Association des voitures particulières de Chine estime les ventes entre 8 et 9 millions de modèles « propres ».
Dans l’Empire du Milieu, le chinois BYD et l’américain Tesla dominent le marché. Fondée en 1995, l’entreprise basée à Shenzhen, dans le sud-est de la Chine, était initialement un fabricant de batterie. Aujourd’hui, le constructeur vend presque un million de véhicules électriques par an, principalement dans son pays natal.
Les estimations de ventes pourraient être revues à la baisse sur l’année 2023. L’inflation et l’économie chinoise, en croissance historiquement basse, forcent les habitants à limiter leurs achats. L’ensemble des livraisons, véhicules thermiques compris, a chuté de 13,4 % lors du premier trimestre 2023 en comparaison avec la même période l’année précédente.
Dans ce marasme, les voitures électriques devraient, tout de même, tirer leur épingle du jeu. Initialement supprimées en janvier dernier, les subventions pour l’achat d’un véhicule propre sont, à nouveau, proposées en Chine. Résultat, les ventes se sont stabilisées en mars.
Guerre des prix obligatoire
Autre facteur de stabilisation, malgré le contexte économique, les constructeurs de voitures électriques se sont lancés dans une lutte tarifaire. La baisse des prix des matières premières composant les batteries a permis aux marques de réduire les tarifs, sans impacter leur marge.
Tesla est la première entreprise à avoir largement réduit ses prix à l’automne 2022 puis en janvier 2023. Le véhicule le plus vendu de la marque d’Elon Musk, le Model 3 est passé de 249 900 yuans à 229 900 yuans, soit environ 30 000 euros. Même chose pour le SUV Model Y qui a vu son prix fondre de 4 000 euros. BYD est rapidement entré dans la danse. En février dernier ses prix ont baissé jusqu’à 20 000 yuans, l’équivalent de 2 723 euros.
Lancés dans une concurrence acharnée, les mastodontes broient les petits. Dans un marché de plus de 200 constructeurs, les ventes s’écroulent pour les plus fragiles qui ne peuvent pas suivre. Nio et Li Auto résistent, relativement, avec des chutes de 12 % et 23 % en janvier 2023, par rapport à la même période l’an dernier. La grande victime du fléau est Xpeng, spécialisée dans les voitures électriques de luxe. Elle a vu ses livraisons chuter de 60 % sur l’exercice 2022.
Une situation qui a alarmé les spécialistes du marché automobile chinois. L’Association des constructeurs automobiles de Chine a appelé, en mars, les entreprises à être « raisonnables » concernant la baisse des prix. Froidement, Wang Chuanfu, PDG de BYD a répondu le 28 mars « La guerre des prix est inévitable à ce stade, car l’offre des véhicules électriques est supérieure à la demande (…) Certains seront éliminés, d’autres s’empareront d’une plus grande part de marché ».
Des répercussions européennes
Pour survivre, certaines marques chinoises choisissent la voie de l’export. Nio dévoilera au prochain trimestre un modèle compact « destinée au marché européen et chinois » à en croire William Li, PDG de Nio, lors d’une conférence de presse le 17 avril.
En 2024, l’entreprise soutenue par Tencent et Baidu présentera une nouvelle marque de véhicules pour le marché européen, fabriquée en Chine. Fort de ses ambitions, elle prévoit de commercialiser ses modèles dans 25 pays différents d’ici 2025.
Autre géant de l’automobile chinois, Geely a confirmé qu’il déploierait sa marque Zeekr sur le marché européen d’ici 2024. Le groupe vend déjà des véhicules de ses filiales Polestar et Link&Co.
Problème, les géants BYD et Tesla sont déjà présents. Depuis la fin de l’année, le leader du marché chinois propose ses modèles Hang, Tang et Atto 3 en France. Les véhicules de base sont commercialisés pour des prix allant de 44 190 euros à 70 800 euros. Comme en Chine, Tesla a aussi modifié sa politique tarifaire sur le marché européen. Le Model 3 est passé de 44 990 euros à 41 990 euros.
Face à ces arrivées, Citroën, VinFast, Toyota et Ford ont annoncé des baisses de prix. D’autres groupes ont choisi, pour compenser leur perte, de faire grimper leur prix, à l’instar de Renault. Volkswagen a annoncé qu’elle ne réduirait pas ses prix, mais proposera une voiture électrique plus abordable dans les prochains mois. Dans une guerre des prix, ce sont les consommateurs les principaux gagnants, au moins au début.