Au Japon, il n’est pas rare d’être confronté à un mur administratif à base de documents complexes et souvent opaques. Pour faciliter leur compréhension, Tetsuro Nomura, Ministre de l’Agriculture, des Forêts et de la Pêche de l’archipel, a annoncé, le 18 avril, que le gouvernement japonais allait se servir de ChatGPT. Quelques jours auparavant, OpenAI dévoilait sa volonté d’ouvrir une antenne au pays du soleil levant.

Une première utilisation de l’IA par Tokyo

L’information rapportée par Bloomberg, peut surprendre. Car si le Japon est connu pour ses avancées technologiques dans le domaine de la robotique, des jeux vidéo ou des transports, sa population reste très attachée au papier et a du mal à franchir le pas du numérique. Une grande partie de la population, dont un tiers est âgé de plus de 64 ans, se montre très réticente à l’utilisation de nouvelles technologies. La majorité des documents importants doivent encore être remis en main propre et signés à l’aide d’un « hanko », des sceaux prouvant l’identité de leurs propriétaires.

Concernant l’utilisation de ChatGPT, Tetsuro Nomura explique que le gouvernement « n’en fera rien de très important, il existe toujours un risque de fuite d’informations classifiées ». Tokyo prévoit de se servir de l’outil d’OpenAI pour rédiger et mettre à jour des manuels en ligne sur la façon de remplir certains documents comme les demandes de subventions. Un premier pas pour faire entrer les technologies d’intelligence artificielle dans le quotidien de millions de Japonais.

OpenAI veut mettre le cap sur le Japon

La société californienne derrière ChatGPT a le Japon dans son viseur depuis quelque temps déjà. En visite sur l’archipel, début avril, Sam Altman, son président-directeur général, rencontrait Fumio Kishida, le Premier ministre japonais. Profitant de l’occasion, il déclarait « espérer passer beaucoup plus de temps ici et nous engager avec ces merveilleux talents et construire quelque chose de grand pour le peuple japonais ». Taro Kono, Ministre de la Transformation Numérique du Japon, confiait avoir espoir « que les technologies d’IA contribueront grandement à la modernisation des méthodes de travail du gouvernement ».

Une fois que celles-ci seront prêtes à être étendues aux services publics, le plus compliqué sera de convaincre la population. Fièrement attachés à leurs traditions, les Japonais avaient déjà décrié l’introduction d’une carte d’identité numérique, une initiative pour remplacer les cartes d’assurance maladie censée disparaître à l’automne 2024. Les technologies d’intelligence artificielle générative pourraient faire face au même rejet.