Google déploie une énergie folle pour apporter des outils d’intelligence artificielle (IA) à Google Search. Le temps est compté : Samsung a informé la firme de Mountain View que Bing pourrait bien devenir le moteur de recherche par défaut de ses smartphones.

Samsung redistribue les cartes

Google est en état d’alerte depuis la sortie de ChatGPT, considérant que cette technologie a le potentiel de concurrencer ses activités dans les moteurs de recherche. Ces inquiétudes se sont concrétisées en février, quand Microsoft a annoncé l’intégration de l’IA générative à Bing, suscitant le vif intérêt de l’industrie et des utilisateurs. Google a voulu riposter rapidement avec son propre agent conversationnel, Bard. Cependant, cette intervention n’a pas vraiment convaincu, entraînant même des critiques en interne.

Selon le New York Times, le géant américain est en « panique » depuis le mois dernier, lorsque Samsung lui a annoncé qu’il considérait de choisir Bing en tant que moteur de recherche par défaut sur ses smartphones. Les employés de Google auraient été profondément choqués par cette déclaration. Le contrat avec le constructeur sud-coréen représente un chiffre d’affaires annuel estimé à 3 milliards de dollars pour la firme de Mountain View. Pour l’heure, les négociations sont en cours et Samsung pourrait encore décider de conserver Google comme fournisseur par défaut.

C’est la première fois que le cœur de l’activité de Google est autant menacé depuis sa naissance il y a 25 ans. L’entreprise sait que si elle perd son contrat avec Samsung, d’autres fabricants de smartphones pourraient suivre. Son accord avec Apple lui rapporte environ 20 milliards de dollars par an. En conséquence, ses équipes mettent les bouchées doubles pour intégrer l’IA à Google Search.

Sur quoi travaille Google ?

Ainsi, l’entreprise en est aux premiers stades de la création d’un moteur de recherche capable d’anticiper les attentes de l’utilisateur avec l’objectif d’offrir « une expérience beaucoup plus personnalisée ». Il proposerait des listes d’options présélectionnées d’objets à acheter et d’informations à rechercher, il sera davantage conversationnel que la plateforme actuelle. Pour l’heure, ce système n’a pas de calendrier défini quant à sa sortie.

En outre, 160 personnes de chez Google travaillent à temps plein sur le projet Magi, qui consiste à améliorer le modèle existant en y ajoutant des fonctions d’intelligence artificielle. Parmi celles-ci, on retrouve une IA générative capable de répondre aux questions de génie logiciel et de générer des extraits de code. La société a également testé une fonctionnalité qui permettrait aux utilisateurs de rechercher de la musique via une conversation avec un agent conversationnel.

D’autres fonctionnalités basées sur l’IA pour Search sont en cours de développement. Par exemple, « Searchalong » devrait permettre de scanner une page web pour fournir des informations contextuelles. Deux autres outils expérimentaux baptisés « GIFI » et « Tivoli Tutor » offriront la possibilité de demander à Google de générer des images et de converser avec un chatbot pour apprendre une nouvelle langue.

Longtemps prudente, Google est maintenant lancée dans la course

La firme de Mountain View est loin d’être une novice dans le domaine de l’IA, son laboratoire DeepMind étant l’un des plus avancés au monde. Elle développe des modèles de langage étendus, à l’instar de LaMDA, depuis plusieurs années. Cependant, elle rechignait à les déployer à grande échelle pour des questions éthiques : ces systèmes sont encore enclins à l’erreur ou à la désinformation. Elle passe désormais à l’action pour éviter de se faire largement devancer par Microsoft, qui bénéficie de la technologie d’OpenAI grâce à une collaboration étroite entre les deux sociétés.

Le projet Magi continuera de faire la part belle aux publicités, qui représentent la majorité des revenus de Google. Ainsi, les requêtes susceptibles d’aboutir à une transaction financière, comme l’achat de chaussures ou la réservation d’un vol, continueraient de comporter des annonces sur leurs pages de résultats. Le secteur technologique s’attend à ce que l’IA sur les moteurs de recherche rendent les publicités moins pertinentes pour les utilisateurs.

Google aurait l’intention d’annoncer Magi le mois prochain avant d’introduire de nouvelles fonctionnalités à l’automne. Elle prévoit de les diffuser dans un premier temps à un million de personnes, puis devrait progressivement passer à 30 millions d’ici la fin de l’année, exclusivement aux États-Unis.