Didi Chuxing, plus communément appelé Didi, vient d’annoncer, le 13 avril, le développement de ses propres taxis autonomes avec l’aide de plusieurs constructeurs automobiles chinois. L’objectif pour le « Uber chinois » serait de proposer un service de véhicule de tourisme sans chauffeur d’ici la fin de l’année 2025. Un retour sur le devant de la scène après une vigoureuse reprise en main de l’entreprise par Pékin.

Didi confiant, dévoile son taxi autonome nouvelle génération

Afin de développer son taxi autonome, Didi s’est appuyé sur l’unité de conduite autonome qu’elle a fondée en 2016 et qui est devenu, en 2019, une filiale. Cette entité a réussi à lever des fonds auprès de plusieurs investisseurs, dont SoftBank. Grâce à ces financements, elle a pu mettre au point son véhicule autonome. En 2020, l’entreprise avait déjà présenté un prototype de taxi autonome, le D1. Trois ans plus tard, elle présente son taxi de nouvelle génération.

Contrairement à la première version, le Didi Neuron, le nom donné à cette seconde version, est composé de plusieurs technologies toutes conçues par l’entreprise. Tout d’abord, Didi s’est associé à Benewake, une société chinoise, dans le but de mettre au point un système de télédétection par laser, connu sous le nom de LIDAR. Cette technologie permet d’envoyer des lasers un peu partout dans un environnement qui rebondissent et reviennent vers les capteurs intégrés dans le véhicule. De cette manière, un algorithme peut traiter ces informations afin de créer une représentation tridimensionnelle des obstacles environnants.

Parallèlement au LIDAR, une plateforme informatique pour voitures autonomes baptisée Orca a été conçue sur mesure. Ce système constituera le centre névralgique du taxi. L’ensemble des informations utiles pour une conduite autonome transiteront vers cet outil. C’est grâce à cette plateforme qu’un bras robotique intégrée à l’arrière du véhicule pourra embarquer et débarquer des bagages, ou même réveiller certains passagers à l’arrivée.

Bras robotique du DiDi Neuron.

Ce bras robotique a la particularité de se mouvoir à 360° et de posséder plusieurs articulations lui permettant d’atteindre les différents recoins du véhicule. Photographie : Didi Chuxing.

Des annonces qui surviennent après une longue enquête menée par les autorités chinoises

La société pékinoise a également une entreprise de livraison par camion autonome du nom de Kargobot. Selon les informations relayées par CNBC, cette filiale compte plus d’une centaine de camions sans conducteur en activité. Didi a déclaré « qu’en 2023, l’accent serait plus que jamais mis sur les services de logistique et de fret ». Ainsi, l’entreprise dévoile sa volonté d’aller au-delà du secteur des transports en commun ou des VTC.

Ces multiples annonces interviennent après une année et demie d’examens minutieux de la part du gouvernement chinois. Le 30 juin 2021, Didi a réalisé son introduction en bourse à New York, ce qui n’a pas plu pas aux autorités chinoises. Elles redoutaient que des informations sensibles soient transmises aux régulateurs américains.

L’Administration du cyberespace de Chine (CAC) a alors décidé d’ouvrir une enquête et d’interdire l’ensemble des applications de l’entreprise sur les stores chinois. Suite à cette investigation, le Uber chinois a écopé d’une amende d’un milliard de dollars en juillet 2022. En janvier 2023, la société a pu enregistrer de nouveaux utilisateurs, la plupart des applications de Didi ont fait leur retour sur les magasins d’applications en Chine.

Plusieurs spécialistes occidentaux s’accordent à dire que le faible développement du cadre législatif chinois autour des véhicules autonomes pourrait mettre en danger leur démocratisation. Pourtant plusieurs entreprises sont déjà très avancées en la matière. Haomo et ByteDance ont décidé de collaborer afin d’accélérer l’adoption de ces véhicules tandis que Pony.ai est devenu, il y a un an, la première entreprise de conduite autonome à obtenir une licence de taxi dans le pays.