Une polémique de plus sur Twitter. National Public Radio (NPR) a décidé de quitter la plateforme après que son compte ait été désigné comme « média affilié à l’État ». Il s’agit du premier média à prendre une telle décision depuis l’arrivée d’Elon Musk à la tête du réseau social.

Que s’est-il passé ?

Le 5 avril dernier, NPR a remarqué que son profil Twitter était décrit comme affilié à l’État, une description habituellement réservée aux organes de propagande basés en Russie et en Chine. Confronté par un journaliste du média via courriel, Elon Musk a admis que l’étiquette était le fruit d’une erreur. La plateforme l’a alors modifiée en « média financé par le gouvernement ».

NPR n’est pas satisfait de cette désignation non plus. La société explique recevoir « moins de 1 % de son budget annuel de 300 millions de dollars de la Corporation for Public Broadcasting, financée par le gouvernement fédéral ». Par conséquent, les 52 feeds Twitter officiels de NPR ne publieront plus sur le réseau social, en faisant ainsi le premier grand organe de presse américain à prendre une telle décision depuis le rachat d’Elon Musk pour 44 milliards de dollars.

Si NPR laisse le choix à ses journalistes de continuer à poster sur la plateforme, son directeur général John Lansing a affirmé que « les actions de Twitter ou d’autres entreprises de médias sociaux visant à ternir l’indépendance d’une institution médiatique publique sont exceptionnellement nuisibles et créent un dangereux précédent ».

La dernière publication de NPR sur Twitter est un thread avec des liens menant à d’autres moyens d’accéder à son contenu.

La réponse explosive d’Elon Musk

En guise de réponse, Elon Musk a invectivé le média sur Twitter. Il l’a qualifié d’hypocrite dans un tweet qui comprenait une capture d’écran d’un résultat Google dans lequel le site du diffuseur indique que « le financement fédéral est essentiel au service de la radio publique ».

« Je suppose qu’ils ne verront pas d’inconvénient à perdre le financement fédéral dans ce cas », a-t-il continué. Musk a également publié une capture d’écran d’un e-mail du journaliste de NPR Bobby Allyn, qui demandait sa réaction sur la possibilité que d’autres organes de presse suivent NPR en quittant la plateforme. Le milliardaire assure, pour sa part, que le média a « peur de la vérité ».

Cette réaction de la part du patron de Twitter n’est pas surprenante. Il s’est toujours montré critique des médias ; dès son arrivée chez le réseau social, il a expliqué vouloir mettre tous les comptes sur un même pied d’égalité, même ceux des journalistes. Dans les jours qui arrivent, la certification autrefois réservée aux personnalités publiques et organes de presse sera définitivement abandonnée au profit des comptes qui paient leur abonnement à Twitter Blue.

D’ailleurs, NPR n’est pas le premier média avec qui Elon Musk entre en conflit direct. Il a récemment qualifié la couverture du New York Times de « propagande » et a comparé le fil Twitter de l’entreprise à de la « diarrhée ». Peu de temps après, il a supprimé le coche de vérification de l’organe de presse, invoquant le refus de l’entreprise de payer pour Twitter Blue.

PBS emboîte le pas à NPR

Public Broadcasting Service (PBS), réseau public américain de télévision à but non lucratif, a pris une décision similaire à celle de NPR après avoir reçu la même dénomination sur son profil. Le média ne tweete plus depuis plusieurs jours.

Twitter a également ajouté une étiquette « financé par le gouvernement » au média britannique BBC. Ce dernier a ensuite déclaré que Musk avait accepté de la changer l’étiquette en « financé par le public ». Désormais, aucune étiquette n’est visible sur les comptes Twitter de la BBC.

Les relations déjà explosives entre les médias et Elon Musk ne sont pas prêtes de s’améliorer, et il se pourrait que les décisions de NPR ou de PBS donnent des idées à d’autres organes de presse. De son côté, le milliardaire ne semble pas prêt à vouloir enterrer la hache de guerre.