Emmanuel Macron a profité de sa visite d’État aux Pays-Bas, la première dans ce cadre depuis 23 ans, pour tenir un discours sur sa vision de l’avenir de l’Union européenne. Au Nexus Institute, un Think tank néerlandais, à La Haye, le président français a prôné la souveraineté économique du continent face aux États-Unis ou à la Chine d’où il revient.

Même à l’étranger, Emmanuel Macron rattrapé par la contestation sociale en France

La politique intérieure est venue perturber le début de l’intervention d’Emmanuel Macron. Des manifestants ont dénoncé le « président de la violence et l’hypocrisie » sur une banderole, alors que la réforme des retraites est massivement rejetée dans le pays. Après en avoir profité pour brièvement justifier sa politique, le président français a commencé à dérouler, en anglais, sa vision de « la souveraineté européenne en matière économique et industrielle », dans la lignée de son discours de la Sorbonne de 2017.

Dans un discours organisé autour de cinq piliers, compétitivité, politique industrielle, protection, réciprocité, coopération, le numérique a occupé une grande place aux côtés, notamment de l’énergie et du changement climatique.

Le président de la République a surtout prôné une régulation des réseaux sociaux ou de l’IA, dans le cas contraire il estime que l’Europe « s’expose à la propagande venue d’ailleurs, s’expose à des algorithmes venus d’ailleurs » pouvant poser des problèmes pour les enfants et la démocratie.

Dernièrement plusieurs réseaux sociaux, comme Instagram, ont été pointés du doigt pour leurs risques sur la santé psychologique des plus jeunes. Par ailleurs, TikTok est soupçonné en Europe d’être un possible outil d’influence au service de Pékin. ChatGPT pose également des questions sur le continent.

Pour le président, Bruxelles doit aller plus loin que les initiatives actuelles, comme le DSA, et davantage se coordonner « pour ne pas être coincé dans les mains d’intérêts privés non européens ou d’États non européens ».

Sur le plan de la politique industrielle, « pendant longtemps un tabou » en Europe, Emmanuel Macron a considéré comme indispensable « d’interférer dans le marché », les autres acteurs n’hésitant pas à le faire. Il a mentionné le Chips Act dont l’objectif est de faire grimper la part mondiale de l’Europe de 10 à 20 %. Pour le président français, une nouvelle stratégie est nécessaire « pour réduire nos dépendances » et gagner en « autonomie », sans pour autant vouloir « l’autarcie ».

Sans, selon lui, tomber dans le protectionnisme, Emmanuel Macron a aussi appelé l’Europe à se protéger dans le domaine de « la cybersécurité, les infrastructures, partout où il y a des vulnérabilités et où la sécurité européenne est en danger ».

Pour la suite de sa visite d’État, Emmanuel Macron va rencontrer le Premier ministre néerlandais, Mike Rutte. Ensemble ils doivent signer un « pacte pour l’innovation et la croissance ». Ce pacte doit aborder plusieurs thématiques, dont l’informatique quantique ou les semi-conducteurs.