Pékin est-il le pire ennemi de TikTok ? Tandis que le PDG de l’application, Shou Zi Chew, s’échinait à convaincre le Congrès que son entreprise n’avait pas de lien avec le gouvernement ou le Parti communiste chinois, leurs représentants s’enflammaient sur les réseaux sociaux. C’est ce que révèle une étude publiée le 6 avril par l’Alliance for securing democracy relayé par New York Times, un rapport qui n’est pas dénué de défaut.

Diplomates et officiels Chinois prennent le parti de l’offensive pour TikTok

Diplomates et médias officiels chinois n’ont pas ménagé leurs efforts pour soutenir Shou Zi Chew lors de son audition du 23 mars par la Commission de l’énergie et du commerce de la Chambre des représentants. Tandis que le PDG était soumis à une avalanche de questions durant plus de cinq heures, d’autres étaient sur leur clavier.

l’Alliance for securing democracy, une organisation basée à Washington D.C., se présentant comme non-partisane, a comptabilisé 200 tweets du 20 au 26 mars venant de diplomates ou média d’État chinois sur TikTok. Elle signale que c’est 50 de plus que pour janvier et février réuni. La seule journée du 23, 75 messages ont été envoyés. Un phénomène équivalent se serait produit sur Facebook et YouTube. Pour l’organisation il s’agit d’un « un effort important pour façonner les perceptions de l’application sur d’autres plateformes de médias sociaux ».

Ces posts, sans surprise, étaient orientés pour défendre TikTok autour de cinq thématiques : amplifier la version de Shou Zi Chew, insister sur le succès de TikTok aux États-Unis, se moquer des membres du Congrès, dépeindre les États-Unis comme hostiles au marché, présenter l’action contre l’application comme xénophobe.

Avec des amis comme ça…

Dans l’ensemble ces arguments sont assez classiques, mais l’Alliance estime que « Le fait que la Chine se sente obligée de défendre TikTok avec tant de véhémence est remarquable ». Depuis plusieurs années les diplomates chinois n’hésitent pas à se montrer extrêmement offensifs sur les réseaux sociaux, ce fut le cas ici.

Le gouvernement chinois a également mis son grain de sel très officiellement. Quelques heures avant l’audition de Shou Zi Chew, le ministère du Commerce a déclaré que la Chine s’opposait fermement à la vente de TikTok. Le lendemain de l’audition, c’est la porte-parole du ministère des Affaires Étrangères qui reprend l’argument de la xénophobie américaine.

L’étude de l’Alliance for securing democracy, spécialisée dans la contre-argumentation face aux régimes autocratiques, est à charge et relativement légère, ce qui a tendance à la desservir. Elle pointe toutefois du doigt une réalité, « il peut être difficile de faire la différence entre les arguments organiques et les arguments dérivés de la propagande autocratique ». Alors que TikTok a toutes les peines du monde à convaincre Washington de son indépendance vis-à-vis du pouvoir chinois, celui-ci ne l’aide pas vraiment.