Les librairies et les géants de l’e-commerce désormais sur un pied d’égalité ? Le 4 avril, la ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, et le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, ont cosigné un arrêté sur la tarification minimum de la livraison de livres. À partir du 7 octobre 2023, les vendeurs seront dans l’obligation de facturer au moins 3 euros chaque commande inférieure à 35 euros.

Amazon réclamait 1,49 euro, les libraires 4,50 euros

Au cours des confinements, les mesures restrictives ont contraint de nombreux commerces jugés non essentiels, comme les librairies, à fermer leurs portes. Une sanction créant des polémiques, jusqu’à rendre l’achat de livre en centre commercial interdit pour ne pas créer de concurrence déloyale. Les libraires se sont tournés vers la vente en ligne où la colère est encore montée d’un cran. Ils ont notamment découvert que les géants du e-commerce et le fer de lance Amazon profitaient de leurs avantages économiques pour casser les prix du marché notamment sur la livraison.

En 2014, le gouvernement français a mis en place une loi anti-Amazon empêchant les entreprises de vendre des livres avec des frais de port gratuit. Les géants du e-commerce ont rapidement trouvé la faille en fixant la livraison à un centime. Face à cette situation et après moult débats lors de la pandémie, le gouvernement a finalement promulgué en décembre 2021 une loi « visant à conforter l’économie du livre et à renforcer l’équité et la confiance entre ses acteurs ». Cette loi Darco permet au ministre de la Culture et au ministre de l’Économie de fixer par le biais d’un arrêt un prix minimum.

Le gouvernement a alors demandé à l’ARCEP d’effectuer une consultation de tous les acteurs du marché pour déterminer la tarification. En avril 2022, le régulateur a suggéré une tarification minimum de 3 euros. De son côté, Amazon, opposé à une tarification trop forte, avançait un prix de 1,49 euro. Le géant s’est basé sur les frais de port d’un livre de 500 grammes maximum dans l’Union européenne. Quant aux libraires, ils souhaitaient un coût de 4,50 euros. Un prix minimum, selon eux, pour rentrer dans leurs frais.

Le gouvernement a finalement suivi la recommandation de l’ARCEP. Le 7 octobre 2023, le coût sera de 3 euros pour les commandes de livres inférieures à 35 euros. Au-delà de ce montant, les entreprises pourront continuer de livrer au minimum à un centime d’euro. « Cet arrêté nous permet de rétablir une concurrence équitable » a réagi le ministère de la Culture auprès du journal Le Monde. De son côté, le syndicat de la librairie française, par la voix de son délégué général, Guillaume Husson, se félicite, dans le quotidien français, « d’un réel progrès ». Il déplore, tout de même, le faible montant minimum « Ce n’est pas suffisant. (…) Expédier un ouvrage coûte entre 7 et 8 euros à un libraire ».