Depuis quelques jours, l’agent conversationnel d’OpenAI est dans le viseur des autorités européennes concernant sa gestion des données. À l’occasion du sommet Tech for Future organisé le 6 avril, le ministre délégué chargé de la Transition du numérique, Jean-Noël Barrot, a estimé qu’une interdiction de ChatGPT était une « mauvaise réponse ».

Encadrer plutôt qu’interdire

L’Autorité nationale de protection des données italienne a pris, le 31 mars, la décision radicale et immédiate d’interdire l’utilisation de ChatGPT. OpenAI est accusé de ne pas respecter le Règlement général sur la protection des données (RGPD). La France, L’Allemagne et l’Irlande, soumis au même règlement ont rapidement échangé avec Rome.

Interrogé par La Tribune pour savoir s’il fallait copier la mesure italienne, Jean-Noël Barrot a répondu « Non. Il faut encadrer l’innovation pour qu’elle soit conforme aux principes auxquels on est attachés ». Une réponse similaire à son homologue allemand, lui aussi sollicité sur ce sujet.

La Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) a reçu deux plaintes cette semaine concernant ChatGPT. La première, portée par l’avocate et présidente de l’association Janus International Zoé Villain, porte sur le droit d’accès à ses propres données enregistrées sur le service. Ce que l’entreprise OpenAI a refusé. L’autre accusation de David Libeau, un développeur connu pour sa lutte pour la protection des données, concerne des fausses informations qu’écrit ChatGPT à son sujet. L’article 5 du RGPD stipule pourtant que toutes les informations nominatives sur des personnes doivent être exactes.

De son côté, OpenAI a répondu indirectement aux inquiétudes exprimées par les régulateurs. L’entreprise s’est engagée à une meilleure transparence dans l’usage des données et devrait rapidement mettre en place une restriction d’âge pour utiliser ses services.

Au cours de l’entretien et malgré sa réponse initiale sans ambiguïté, le ministre a rappelé qu’il a saisi le comité national d’éthique du numérique lors du lancement de ChatGPT. « En 2021, il avait déjà émis un avis sur les chatbots en soulevant les questions éthiques, démocratiques que pose l’émergence de ce type d’outils. Dans quelques mois, le comité va nous rendre une version actualisée de cet avis à la lumière de ChatGPT » a-t-il affirmé.