Peter Wennink, PDG d’ASML, constructeur néerlandais de machines pour fabriquer des semi-conducteurs, a rencontré le ministre du Commerce chinois, Wang Wentao, le 28 mars. Ce dernier a souhaité rassurer le dirigeant d’entreprise, ses investissements seraient toujours les bienvenues en Chine, malgré les tensions avec le gouvernement des Pays-Bas.
ASML a-t-elle droit à une attention spéciale ?
Wang Wentao s’est adressé à beaucoup de chefs d’entreprise occidentaux ces derniers jours à l’occasion du Forum de développement pour la Chine, du 25 au 27 mars. Un événement qui a attiré Tim Cook, PDG d’Apple, Jay Y. Lee, PDG de Samsung, ou encore les français Patrick Pouyanné de TotalEnergies ou François-Henri Pinault de Kering. Il a échangé en personne avec les dirigeants de Qualcomm, BMW, Nestlé…
Rencontrer Peter Wennink après la fin du Forum marque-t-il un intérêt particulier du ministre pour ASML ou un hasard de calendrier ? Difficiles à dire, mais les sujets de conversations entre les deux hommes sont, à coup sûr, nombreux.
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Les Pays-Bas ont décidé début mars de bloquer l’exportation de davantage de produits d’ASML vers la Chine, sous la pression des États-Unis. Une décision à laquelle a réagi avec véhémence dans la presse locale le diplomate de l’Empire du Milieu.
Le compte rendu, laconique, du ministère du Commerce, mentionne un échange de « points de vue sur le développement d’ASML en Chine ». Le ministre explique espérer « qu’ASML maintiendra sa confiance dans l’investissement et la coopération commerciale avec la Chine, et apportera des contributions positives à la coopération économique sino-néerlandaise ».
Le communiqué fait aussi allusion à la nécessité de coopérer pour garantir la stabilité de la chaîne d’approvisionnement mondiale de semi-conducteur. Ce risque d’instabilité est l’un des griefs mis en avant par la Chine dans sa plainte contre les sanctions américaines d’octobre devant l’Organisation mondiale du commerce. Elle a aussi été rappelée par son ambassadeur à La Haye.
Wang Wentao, assure également que la Chine représente un bon environnement pour le développement de multinationales comme ASML. Peter Wennink a pu douter à cet instant de la conversation. Récemment un ex-employé chinois de l’entreprise a été accusé de vol d’information. Les premiers éléments de l’enquête semblent pointer l’implication de Pékin.
La Chine veut attirer de nouveau les entreprises étrangères
Le PDG d’ASML s’est pourtant montré réticent à l’idée de son gouvernement d’augmenter les restrictions d’exportation de ses produits vers la Chine. Elles représentent entre 15 et 20 % de son chiffre d’affaires et Peter Wennink a aussi estimé que les produits concernés étaient déjà largement répandus. Il a aussi prévenu que sans solution alternative, la Chine pourrait mobiliser des méthodes moins conventionnelles.
Lors du Forum du développement de la Chine, Li Quiang, Premier ministre désormais investi, a insisté sur le respect du pays pour les normes internationales. CNN rapporte qu’en pleine crise sino-américaine, les entreprises européennes comme ASML, mais aussi étasuniennes se sont vues promettre « Peu importe l’évolution de la situation internationale, la Chine étendra sans relâche son ouverture au monde extérieur ». Pékin souhaite faire revenir les investisseurs étrangers au plus vite après plusieurs années compliquées, notamment à cause de la politique « zéro covid ».