Durant la pandémie, les professionnels ont été contraints de déserter les coworkings. Mis à part quelques passages pour récupérer du matériel ou un document oublié, ces espaces sont restés vides un long moment. Avec la popularisation du télétravail, tout laissait penser qu’ils allaient le rester encore bien longtemps. Pourtant, la mutation des modes de travail a finalement profité aux opérateurs des coworking, au point de marquer une augmentation importante : en 2022, le marché s’est offert une croissance de 20 %.

Le marché des coworking, dynamisé par l’engouement et ralenti par la pandémie

Depuis une dizaine d’années, les espaces de coworking fleurissent dans les grandes villes françaises. Selon l’Indice du Coworking, le nombre d’espaces a triplé entre 2017 et 2019 : il est passé de 600 à 1 700. Toutefois, comme de nombreux secteurs d’activité, la pandémie a mis un stop au marché du coworking. Les professionnels étaient contraints de travailler depuis chez eux pendant de longs mois. Aussi, les protocoles sanitaires sévères rendaient difficiles le travail et les rencontres au sein des espaces, qui sont initialement des lieux de partage et d’échange.

Sans surprise, la baisse moyenne du taux d’occupation a été significative : elle est estimée à 60 % selon une étude de Welcomr. Dans un tel contexte, il n’est malheureusement pas surprenant que certains espaces aient définitivement fermé leurs portes.

Espaces de coworking : un nouveau rôle pivot après la pandémie

À première vue, les étoiles n’étaient pas alignées pour le marché du coworking. Avec la crise sanitaire, les professionnels sont nombreux à s’être acculturés au télétravail. Cependant, ce nouveau mode de travail présente quelques limites dont les espaces de coworking ont largement pu profiter pour revenir sur le devant de la scène.

« La notion de travail n’est plus du tout la même pour les salariés après le covid, ce qui entraîne inévitablement une modification au niveau de l’usage du bureau. Ce dernier est devenu le point névralgique de l’entreprise pour se rencontrer et échanger entre collègues. Désormais, nous venons au bureau pour consolider les relations, apprendre la marche à suivre de l’entreprise et créer de la cohésion », observe Alexis Rebiffé, co-fondateur de Deskopolitan, espace de coworking Paris.

« Nous travaillons donc différemment, car en plus de cet aspect, nous remarquons chez Deskopolitan qu’il y a de moins en moins de postes de travail par collaborateur. Le flex office prend de l’ampleur et nous pouvons l’observer indéniablement au niveau du taux d’occupation », ajoute-t-il.

En effet, bien que travailler entièrement depuis chez soi ait de nombreux avantages, le manque d’interactions sociales est une conséquence qui pèse grandement sur certains travailleurs, et notamment les plus jeunes. Selon une étude menée fin 2021 par Poly et Censuswide, 46 % des 25-34 ans craignent que le travail à distance rende plus complexe la communication et la bonne collaboration avec leurs collègues. Cela peut mener à plusieurs répercussions, comme un stress face à l’incompréhension et aux malentendus, et surtout, un sentiment d’isolement profond.

Pour y faire face, certaines entreprises opérant complètement à distance permettent aujourd’hui à leurs employés de se rendre ponctuellement dans des espaces de coworking. L’objectif est simple : leur permettre de changer un peu d’environnement, d’échanger avec d’autres travailleurs et de partager des bons moments. Ils disposent alors d’une certaine flexibilité quant au lieu où ils souhaitent travailler et à quel moment, ce qui s’avère être un véritable avantage.

Pour les organisations, cette solution permet par ailleurs de ne pas limiter le recrutement géographiquement, ce qui peut être un atout pour recruter de nouveaux talents, qui sont en recherche de davantage de liberté et de souplesse à l’ère post-covid. Cela signifie par ailleurs que dorénavant, les entreprises ne sont pas obligées de prendre des locaux, elles peuvent entièrement ou partiellement fonctionner avec des coworkings. C’est l’option qu’a choisie Engie, qui a développé son département numérique près de la gare Saint-Lazare. Autant dire que cette nouvelle tendance devrait profiter aux opérateurs d’espaces de travail partagé, particulièrement dans un contexte de ralentissement économique qui impacte tous les secteurs.

En raison des importantes conséquences de la crise sanitaire sur le monde du travail, il semblait difficile d’esquisser un avenir vraiment radieux aux coworkings. Tout laisser penser que la démocratisation du télétravail allait impacter négativement la fréquentation de ces espaces sur le long terme. Finalement, ces nouveaux modes de travail ont propulsé les coworkings en solutions de choix pour les grandes comme les petites entreprises.

« Aujourd’hui, nous remarquons de plus en plus d’espaces de coworking se développant hors de Paris. La demande s’intensifie dans des villes comme Lyon (+33 % d’espaces entre 2021 et 2022 selon une étude Ubiq Data) ou bien Nantes (+ 40%) mais encore Marseille (+19 %). Cela signifie que le coworking s’installe de façon pérenne dans les habitudes des travailleurs indépendants, mais aussi des entreprises qui favorisent de plus en plus le télétravail », souligne le cofondateur de Deskopolitan.

Pour les opérateurs de coworking, le grand défi sera donc de tirer leur épingle du jeu sur un marché en pleine croissance. « Chez Deskopolitan nous avons décidé de jouer sur deux axes différents mais complémentaires : premium et conscient de l’enjeu environnemental », explique-t-il. Proposer une expérience toujours plus enrichie aux coworkers et tenir compte de leurs attentes est une nécessité pour faire la différence.

« Un espace de coworking ne se définit pas « premium » uniquement avec de beaux matériaux, son emplacement ou bien son mobilier. Le plus important est d’avoir une équipe qui connaît chaque membre par son prénom ainsi que ses habitudes. L’essence même du mot premium fait naître l’idée que chaque coworker est unique et doit se sentir comme chez lui au sein d’une communauté bienveillante, propice au développement de sa carrière et de son entreprise », ajoute Alexis Rebiffé. « La question environnementale est au centre des préoccupations de chacun. Nous mettons en œuvre un travail de sensibilisation afin qu’il en découle des actions de la part de notre équipe, de nos membres, mais aussi de nos partenaires et prestataires », conclut-il.