En 2022, les start-up européennes ont presque doublé leur financement par emprunt, selon un rapport de GP Bullhound, une société de conseil et d’investissement. Cette tendance marque un changement profond dans les méthodes de collectes de fonds.

Le contexte économique modifie les techniques de financements

La crise multifactorielle qui s’est abattue sur le secteur de la tech a rendu plus difficile la mobilisation de nouveaux capitaux pour les start-up. Observant que les introductions en bourse et les tours de financement ont été plus difficiles à réaliser en 2022, les sociétés à croissance rapide sur le Vieux Continent, Royaume-Uni compris, se sont tournées davantage vers les prêts des investisseurs, des banques et des États.

Ainsi, ces firmes ont contracté des dettes à hauteur de 30,5 milliards d’euros l’année dernière, contre 15,9 milliards d’euros en 2021. Cela représente près d’un tiers du financement qu’elles ont levé au cours de la période. Globalement, les cas d’utilisation pour les emprunteurs ont évolué et une plus grande variété d’instruments de crédit est disponible, note le rapport. En outre, les conditions d’emprunt actuelles reflètent mieux les paramètres risque/rendement, ce qui permet d’attirer les investisseurs institutionnels.

Les entreprises de fintech ont été les plus grandes bénéficiaires de cette tendance, bien que les prêts pour les technologies propres aient également connu une croissance rapide. Ainsi, quatre des dix plus grandes levées de fonds européennes en 2022 sont allées à des entreprises travaillant dans le domaine de l’énergie.

Infographie du volume total des prêts technologiques en Europe par année.

Le volume total des prêts technologiques en Europe par année. Infographie : GP Bullhound.

Un écosystème technologique européen « mature »

GP Bullhound explique que la faillite précipitée de la Silicon Valley Bank pourrait « compliquer » la stratégie des start-up, sans pour autant mettre un terme à cette pratique. Au total, environ 100 milliards d’euros ont été investis dans les entreprises technologiques européennes en 2022, un chiffre supérieur à celui des dix dernières années, à l’exception de 2021. Cela démontre que le secteur continue de grandement attirer malgré le contexte économique défavorable.

« Le besoin différé de capitaux devrait être plus important en 2023, étant donné la proportion relativement faible d’entreprises qui lèvent des fonds propres en 2022. La taille globale du marché de la dette est très importante, avec 3 000 entreprises technologiques en Europe évaluées à plus de 100 millions d’euros. De nombreuses entreprises technologiques qui n’avaient pas envisagé d’emprunter le font aujourd’hui, reconnaissant les avantages indéniables de la dette comme alternative à la levée de nouveaux fonds propres dans l’environnement difficile actuel de la levée de fonds », détaille la firme.

Autre point notable, le rapport affirme que les modèles d’entreprise non viables et non rentables ne sont plus financés. « L’abandon de la « croissance à tout prix » est une évolution saine que les investisseurs en dette et en capital devraient saluer. Le financement par l’emprunt est devenu une source importante de financement pour les entreprises technologiques, un autre signe de la maturité de l’écosystème technologique européen », assure les auteurs.