Le coliving, un mode de vie en collectivités né dans les années 2000 aux États-Unis, a conquis de nombreux français depuis une dizaine d’années. Tendoors, un acteur du marché depuis 2009, propose des offres à Bordeaux, Lille et Paris. L’entreprise a annoncé, ce 21 mars, un nouveau chantier au cœur du 19ème arrondissement de la capitale. Un hôtel particulier qui une fois rénové devrait accueillir 22 personnes.

Le coliving, un mélange entre la colocation et le coworking ?

Le coliving est une forme d’habitat partagé combinant des espaces privatifs (chambre, salle de bains, cuisine) et des espaces communs (salon, salle de sport, salle de travail) avec des services mutualisés (wifi, ménage, abonnement aux services de streaming). Pouvant s’apparenter à une résidence étudiante moderne, ce mode de vie est surtout destiné aux jeunes actifs souhaitant allier leur vie personnelle à leur vie professionnelle. Jack, un habitant d’origine anglaise d’une des maisons de Tendoors, a confié à Siècle Digital « Tendoors et le coliving de façon général me permet de bénéficier d’avantages comme l’ameublement, la connexion internet, un espace de coworking dédié… Tout en étant flexible sur le contrat en payant un loyer raisonnable dans une grande ville française ».

L’exemple de Jack n’est pas unique, Tendoors affirme que plus de 30 % des locataires de ses 226 chambres viennent de l’étranger. « Nous avons de plus en plus de colivers (NDLR : habitant des maisons de l’entreprise) venant de l’étranger car nos services sont très attractifs pour eux et leur permettent de travailler à la maison » déclare Philippe Preulier, directeur de Tendoors depuis 2019. En effet, l’entreprise propose à chaque loueur une chambre meublée de 10 mètres carrés en moyenne, deux salons, une salle de jeu, un espace de travail, un jardin et quelques services pour 1 100 euros par mois.

Le prix est relativement élevé, même selon les standards de la capitale. Pour un studio non meublé entre 15 et 25 m2, et selon les quartiers, un habitant moyen paiera entre 600 et 900 euros par mois. Philippe Preulier l’admet lui-même, le prix peut être relativement élevé. Il se justifie, entre les divers services proposés et l’aspect communautaire dans ses maisons. « Nous faisons le nécessaire pour que la communauté se crée à l’intérieur de nos maisons. Chaque semaine, nous livrons un brunch et un panier d’ingrédients pour que les habitants cuisinent ensemble » se réjouit-il.

Un des deux salons dans l'hôtel particulier du XVIIIe siècle ayant appartenu au célèbre sculpteur français Mathurin Moreau

Un des deux salons dans l’hôtel particulier du XVIIIe siècle ayant appartenu au célèbre sculpteur français Mathurin Moreau. Photographie : Dylan Tracz / Siècle Digital.

Tendoors et la rénovation

Tendoors, de son ancien nom Paris Me Voilà après son rachat par Dibona Capital en 2019, est l’une des plus anciennes sociétés de gestion de colocation en France. L’entreprise a ouvert ces derniers mois plusieurs résidences, notamment dans le 14ème arrondissement où une maison du 19ème siècle a été rénovée pour y installer 15 colivers.

Une maison du 19ème siècle accueillent 15 colivers de Tendoors.

Une maison du 19ème siècle qui accueille 15 colivers de Tendoors. Photographie : Tendoors.

La filiale de Dibona Capital souhaite acheter principalement des résidences ayant un patrimoine historique. Au cours des travaux de rénovation, l’entreprise conserve de nombreux éléments d’époque. Pour s’assurer de prendre chaque élément en compte, elle travaille en collaboration avec des associations et des mairies. « Nous menons des opérations de recyclage urbain via une redéfinition de l’usage des biens, avec en outre un rôle dans la préservation historique, qui sinon seraient détruits puis remplacés par des programmes neufs, offrant un cadre de vie très différent » explique Charle de Seze, directeur des Opération.

Actuellement, Tendoors réhabilite dans le 19ème arrondissement de Paris un hôtel particulier du XVIIIe siècle ayant appartenu au célèbre sculpteur français Mathurin Moreau. En chantier lorsque Siècle Digital l’a visité, Tendoors a déclaré vouloir conserver plusieurs éléments d’origine : l’escalier central, les chauffages en fontes, les moulures au plafond des chambres et une superbe sculpture de l’artiste français. Lorsque les travaux seront terminés d’ici fin mai, la maison devrait accueillir 22 colivers.

Sculpture de Mathurin Moreau conservé dans la futur maison de coliving de Tendoors.

Sculpture de Mathurin Moreau conservé dans la future maison de coliving de Tendoors. Photographie : Dylan Tracz / Siècle Digital.

L’entreprise française déploie les grands moyens pour attirer le plus de personnes dans ses maisons. « Nous avons récemment actualisé notre site web. Celui-ci comporte des visites 3D, une carte dynamique pour voir l’ensemble des chambres et un formulaire simplifié, » détaille Philippe Preulier. Tendoors vise 430 chambres en France d’ici la fin de l’année et plus de 1 000 chambres avant 2025. Aux États-Unis, où est né le concept, les start-up cumulent plus de 50 000 lits disponibles à la location depuis plusieurs années.