À l’heure actuelle, Apple et Google ont la mainmise sur la distribution d’applications mobiles grâce à leurs boutiques : l’App Store et le Play Store. Pour contrecarrer ce duopole, Microsoft se prépare à développer son propre magasin d’applications de jeux. Il compte sur la nouvelle législation européenne pour parvenir à s’imposer plus facilement.

L’arrivée du Digital Market Act, une opportunité pour Microsoft

Pour Phil Spencer, l’ambition de la filiale gaming de Microsoft est simple, « Nous voulons être en mesure d’offrir la Xbox, le contenu que nous développons ainsi que celui de nos partenaires tiers sur n’importe quel écran où quelqu’un voudrait jouer ». L’ensemble du contenu proposé par l’entreprise est disponible sur ses consoles et sur ordinateurs, mais c’est tout. Le dirigeant regrette qu’il ne puisse pas le faire sur les appareils mobiles, contraint par les conditions imposées par Mountain View et Cupertino.

Toutefois, l’entrée en vigueur du Digital Market Act (DMA) dès le 2 mai 2023 pourrait changer la donne. Ce cadre législatif visant à lutter contre les pratiques anticoncurrentielles des géants technologiques va permettre à Microsoft de s’immiscer dans ce marché au niveau européen. D’ici mars 2024, date à laquelle le DMA sera appliqué à la lettre, les deux mastodontes du secteur des applications mobiles seront obligés d’accueillir sur leur système d’exploitation Android et iOS, de nouveaux marchés d’applications détenus par d’autres sociétés.

Une véritable aubaine pour Microsoft qui souhaite d’ici là proposer une marketplace qui pourrait faire de la concurrence à l’App Store et au Play Store. Comme l’indique Phil Spencer pour le Financial Times, « le Digital Market Act qui va entrer en vigueur, c’est exactement le genre de choses que nous tentons de prévoir. Nous pensons qu’il s’agit d’une énorme opportunité qu’il faut savoir saisir ».

Microsoft espère toujours qu’il pourra racheter Activision Blizzard

Pour Microsoft, la création d’un magasin d’applications pourrait également servir d’argument pour son projet de rachat d’Activision Blizzard. Annoncée en janvier 2022, cette acquisition d’un montant de 68,7 milliards de dollars n’a toujours pas été bouclée. Les régulateurs européens, américains et britanniques ont tous les trois lancé leur enquête. Pour la Commission européenne, la Federal Trade and Commission et la Competition and Markets Authority, l’acquisition de l’éditeur pourrait nuire à la concurrence et l’innovation dans le secteur des jeux vidéo.

Pour le dirigeant d’Xbox Games Studio, « des titres à succès tels que Call of Duty Mobile, Diablo Immortal et Candy Crush Saga, ainsi que d’autres en cours de développement, seraient d’une importance cruciale pour attirer les joueurs loin des marchés d’Apple et de Google vers une boutique mobile Xbox ». Afin de convaincre les régulateurs de valider cette acquisition, Microsoft cherche à prouver qu’il fera tout pour s’immiscer dans ce marché dominé par Google et Apple.

Le 25 avril prochain, la Commission européenne devrait donner son verdict sur le rachat d’Activision Blizzard. Microsoft a réalisé plusieurs concessions pour que cette acquisition puisse se réaliser. Elle a notamment signé un accord avec Nintendo afin que l’entreprise japonaise puisse proposer la franchise Call of Duty à ses joueurs.