Quel est l’impact des réseaux sociaux sur les cerveaux des enfants et des jeunes adultes ? D’après un document de plainte, dévoilé ce samedi 11 mars, la direction de Meta, notamment Mark Zuckerberg, et ByteDance, la maison mère de TikTok, étaient au courant depuis plusieurs années des effets néfastes causés par leur plateforme. Au lieu de régler ce problème, ils auraient soit ignoré les informations, soit cherché à les cacher.

Des révélations concordantes avec les Facebook Files

En octobre dernier, une enquête a été ouverte à Oakland, en Californie sur les effets néfastes des réseaux sociaux pour les enfants et les jeunes adultes. Une dizaine de plaintes déposées à travers les États-Unis de jeunes ont été regroupées. Elles affirment que Facebook, Instagram, TikTok, Snapchat et YouTube leur auraient causé de l’anxiété, de la dépression, des troubles alimentaires et des insomnies. Des effets terribles qui auraient également coûté la vie à une douzaine de personnes.

Les dernières révélations dévoilent notamment que les ingénieurs et les dirigeants des entreprises, comme le PDG de Meta, Mark Zuckerberg, savaient que les réseaux sociaux présentaient des effets nocifs pour les utilisateurs. Sur l’un des documents, un employé de Meta en 2021 aurait écrit « Personne ne se réveille en pensant qu’il veut ouvrir Instagram le plus grand nombre de fois possible dans la journée (…) Mais c’est exactement ce que nos équipes de développement essaient de faire. » La même année où Frances Haugen, ex-employé de Meta, avait rendu public des documents internes de Facebook, les Facebook Files. Parmi eux, justement, une étude sur la nocivité d’Instagram pour les plus jeunes.

L’une des pages du document consulté par Bloomberg atteste également que Mark Zuckerberg a personnellement été mis au courant des dangers causés par ses propres plateformes. Il aurait reçu « Nous ne sommes pas sur la bonne voie pour réussir dans nos principaux domaines de bien être, et nous sommes exposés à un risque réglementaire accru et à des critiques externes. Ces problèmes affectent tout le monde, en particulier les jeunes et les créateurs (…) s’ils ne sont pas résolus ils nous suivront dans le métavers ».

Prévenu, Mark Zuckerberg n’aurait pas réagi. Pire, il aurait annulé le financement de son équipe chargée de la santé mentale des utilisateurs, selon les plaignants. Des informations en adéquation avec les affirmations de Frances Haugen, selon lesquelles Meta aurait cherché à dissimuler des études compromettantes. Meta, de son côté, nie, un porte-parole de l’entreprise a rappelé, cette semaine, que la plateforme travaille pour la sécurité des utilisateurs.

Un réseau social néfaste en cache un autre

Meta n’est pas la seule entreprise visée par ces révélations. Des documents internes de la société mère de TikTok, ByteDance, montre que l’entreprise sait que les jeunes sont plus susceptibles d’être attirés par des défis dangereux sur sa plateforme.

Pour se défendre, les entreprises invoquent la Section 230. Cette loi du siècle précédent fait que les grandes plateformes en lignes ne sont pas tenues responsables pour le contenu qu’elles hébergent. Mais ce bouclier juridique pourrait être revu. La Cour Suprême juge en ce moment deux affaires pouvant remettre en cause l’existence de la Section 230. Le résultat de l’affaire d’Oakland pourrait donc être fortement influencé par l’évolution de ces jugements.