L’étau continue de se resserrer autour de TikTok en Occident. En France, l’application chinoise fait désormais l’objet d’une commission d’enquête au Sénat afin de déterminer les risques qu’elle pose, aussi bien au niveau de la sécurité nationale qu’auprès des jeunes utilisateurs.

Les liens de TikTok avec Pékin inquiètent

Les annonces allant dans ce sens s’enchaînent. Après les États-Unis au mois de décembre, le Danemark, le Canada, le Royaume-Uni ainsi que le Parlement et la Commission européenne ont annoncé l’interdiction de TikTok sur tous leurs appareils gouvernementaux.

Les dirigeants dénoncent le lien de ByteDance, la maison mère de TikTok, avec le gouvernement chinois, et craignent que la plateforme, et particulièrement les données personnelles de ses utilisateurs, ne soient exploitées à des fins d’espionnage. Le gouvernement français fait lui aussi partie des autorités inquiètes.

Il y a quelques jours, le porte-parole du gouvernement Olivier Véran annonçait qu’il réfléchissait à bannir totalement l’application chinoise des téléphones professionnels. Il précisait, en outre, que les téléphones professionnels des membres du gouvernement n’étaient pas équipés de TikTok.

Plusieurs experts seront interrogés

Avec sa commission d’enquête, le sénat souhaite, avant la fin de l’été, mettre la lumière sur le fonctionnement de la plateforme, particulièrement sur son puissant algorithme de suggestion de vidéo, rapporte Les Échos. Pour cela, ils vont mener plusieurs auditions pour savoir « si ces différences de fonctionnement ont pour objet ou pour effet de servir une stratégie tendant à porter atteinte aux utilisateurs étrangers de TikTok, à la cohésion ou à la sécurité des États étrangers », précise l’exposé des motifs de la commission d’enquête.

Pour commencer, les sénateurs ont interrogé Marc Faddoul, chercheur en intelligence artificielle. Toujours d’après Les Échos, celui-ci a décrit une plateforme aussi critiquable que ses rivales américaines, soulignant toutefois le fait qu’elle est issue d’un pays non démocratique. Il a également évoqué la méthode du heating utilisée par TikTok, qui permet à ses employés de pousser la thématique qu’ils souhaitent sur le réseau social.

Les autorités également préoccupées par l’impact de la plateforme sur les jeunes

Aussi, le sénat s’intéresse au respect de la vie privée sur l’application, ainsi qu’à son impact sur les plus jeunes, premiers utilisateurs de la plateforme. De son côté, la société sait qu’elle risque gros et a présenté un vaste plan visant à rassurer les autorités européennes, en stockant les données des utilisateurs localement.

En parallèle, TikTok doit se préparer à la prochaine entrée en vigueur du Digital Services Act au sein de l’Union européenne, qui obligera les grandes plateformes numériques à appliquer une modération bien plus stricte, aussi bien concernant les contenus illégaux que la désinformation. D’ailleurs, Thierry Breton, commissaire européen au marché intérieur, a mis en garde l’application à ce propos, lui rappelant sa « responsabilité » auprès de ses jeunes audiences.

La commission d’enquête du Sénat devrait aider le gouvernement à prendre une décision quant à une possible interdiction de l’application sur les appareils professionnels des fonctionnaires. TikTok compte près de 15 millions d’utilisateurs en France.