Le partenariat technologique indo-américain prend un nouveau tournant. En visite officielle en Inde, Gina Raimondo, Secrétaire du Commerce américaine, a annoncé qu’un mémorandum a été signé par les deux nations le 10 mars pour renforcer la coopération technologique. Même si les contours du partenariat demeurent flous, Gina Raimondo a qualifié l'Inde de « partenaire technologique de confiance » qui pourrait devenir un fournisseur sur « l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement électronique, et pas seulement les semi-conducteurs ». Accompagnée d’une dizaine de chefs d’entreprises américains, la femme politique justifie cette décision par les ambitions partagées par les deux pays.

Les relations stratégiques entre le « gendarme du monde » et un héraut du non-alignement

Après l’officialisation de son indépendance en 1947, l’Inde est devenue un partenaire privilégié des États-Unis dans la zone indo-pacifique, au gré de soubresauts épisodiques. Les deux nations, toutes deux membres de l’organisation Quad, multiplient les initiatives de coopération dans de nombreux secteurs stratégiques, telles que la défense et les technologies de pointe. Le 31 janvier 2023, une réunion entre Joe Biden et Narendra Modi officialisait la naissance d'un partenariat consacré aux « Technologies critiques et émergentes » (iCET). Du côté américain, ces mains tendues visent à garder la mainmise sur un allié adepte d’une politique de multialignement, qui s’est ainsi montré conciliant avec la Russie, en dépit de l’invasion de l’Ukraine.

Un partenariat gagnant-gagnant dans le secteur des semi-conducteurs

L’Inde veut bénéficier des investissements et atouts des États-Unis et de ses entreprises technologiques, parmi les plus avancées au monde, comme le fabricant de semi-conducteurs Intel. Le pays dirigé par Narendra Modi veut pérenniser une croissance dynamique, évaluée à 7% entre 2022 et 2023, tout en s’imposant comme un chef de file asiatique dans le secteur des semi-conducteurs. Pour cela, l’Inde fait les yeux doux aux acteurs étrangers, ayant récemment voté l’octroi de 10 milliards de dollars de subventions aux entreprises étrangères du secteur des semi-conducteurs.

D’un point de vue américain, les perspectives économiques et démographiques sont autant d’arguments destinés à convaincre la première puissance mondiale de collaborer avec l’Inde. En aidant l’industrie indienne à développer ses capacités de production, les États-Unis pourraient sécuriser une nouvelle source d’approvisionnement, et ainsi réduire sa dépendance à la Chine, accusée de vols de technologies américaines. « Il s'agit de garder les yeux grands ouverts sur le fait que la Chine tente explicitement d'accéder à la technologie américaine pour l'utiliser dans son armée et que nous devons nous protéger, ainsi que nos alliés et nos partenaires, contre cette éventualité », a déclaré Gina Raimondo. Le partenariat indo-américain pourrait donc être mutuellement bénéfique, mais reste avant tout opportuniste.