Le numérique est en pleine forme. Selon Numeum (l’organisation professionnelle de l’écosystème numérique en France), le secteur enregistre une croissance de +7,5% pour l’année 2022, et progressera de +5,9% d’ici la fin de l’année.
Tous les métiers ont bénéficié d’un chiffre d’affaires en hausse l’année dernière : +11,3% pour les Editeurs et plateformes cloud, +5,1% pour les Entreprises de Services du Numérique (ESN) ou encore +7,4% pour les activités d’Ingénierie et Conseil en technologies (ICT).

Le numérique doit une grande partie de sa croissance à la mise en place du cloud (+24,5%) dans de nombreuses entreprises. Sa montée en puissance est également soutenue par des leviers classiques, comme la transformation digitale, le Big data et les services IoT. Les investissements en cybersécurité ont également augmenté de +11,3% (3,3 milliards d’euros), en raison de l’explosion des cyberattaques touchant les entreprises ces dernières années.

Tous ces éléments font que le marché du numérique pèse aujourd’hui plus de 60,9 milliards d’euros. Avec 31,9 milliards d’euros de chiffre d’affaires, les ESN occupent 52,4% du marché. 35,5% de ce dernier revient ensuite aux éditeurs de logiciels et les plateformes de cloud (21,6 milliards d’euros). Enfin, les activités ICT prennent les 12,1% restants du gâteau, avec 7,4 milliards d’euros.

Ce n’est donc pas une surprise que le secteur du numérique soit un gros pourvoyeur d’emplois, et ce depuis 12 ans. En 2021, 34 000 emplois ont été créés, sur un total de 572 126 personnes (sources BIPE, Numeum et données ACOSS). La filière fait toutefois face ces dernières années à une problématique qui risque de devenir un frein à sa croissance : le manque de main d’œuvre.

En effet, alors que le numérique est le premier secteur qui recrute en France, 80 000 postes sont non pourvus chaque année du fait d’un déficit de compétences. Les entreprises du numérique sont donc confrontées à une guerre des talents ayant les compétences nécessaires pour déployer les dernières innovations technologiques. 79% des entreprises du numérique ont admis avoir du mal à recruter en 2022.

Selon les coprésidents de Numeum Godefroy de Bentzmann et Pierre-Marie Lehucher, plusieurs leviers existent pour attirer et fidéliser les meilleurs profils numériques, à commencer par la formation. « La formation et l’attractivité des filières doivent constituer une priorité pour contrer la pénurie des compétences techniques et répondre aux enjeux d’innovation des métiers du secteur », indiquent-ils.

C’est pourquoi de nombreuses entreprises veulent aujourd’hui épauler les écoles et universités françaises en proposant leur propre cursus numérique. L’idée étant de former des profils qui accompagneront l’ensemble de l’économie française dans la transformation digitale.

On peut notamment citer le groupe La Poste qui a inauguré jeudi 9 mars une Ecole de la data et de l’IA (intelligence artificielle) ayant pour objectif de former des talents dans 4 métiers en plein développement : data product owner, data analyst, data engineer et data scientist. La Poste compte former jusqu’à 250 candidats par an dans les 3 ans.

La première promotion compte d’ores et déjà 51 apprenants, dont 55% de femmes. Une parité illustrant l’engagement du groupe La Poste à lutter contre la sous-représentation des femmes dans les métiers de la tech.

Au-delà de cette Ecole de la data et de l’IA, la Directrice générale de la branche Grand Public et Numérique du groupe Nathalie Collin porte en effet de nombreux projets pour féminiser le secteur, comme des concours (Coups de cœur #FemmesduNumérique, French Iot Impact x Technologie…) ou encore l’événement Master Dev France qui met en avant la légitimité des femmes dans le codage.

Fondée sur des principes de diversité et d’inclusion, l’Ecole de la data et de l’IA propose à des candidats externes, mais également à des collaborateurs de La Poste, une formation qualifiante d’une durée de 3 à 12 mois.

« Les candidats externes présentent des profils diversifiés (8 sont en reconversion, 7 sont issus de Pôle Emploi), disposant pour certains d’une première expérience dans des métiers numériques mais souhaitant développer de nouvelles compétences. Les candidats internes, identifiés dans le cadre de dispositifs d’évolution professionnelle, sont issus de métiers aussi variés que l’informatique, la gestion ou les RH », indique La Poste.

Les apprenants ont l’opportunité d’acquérir des compétences en milieu professionnel. Les candidats externes suivent par exemple un cursus en alternance avec Openvalue (filiale de La Poste spécialisée dans IA), et les candidats internes bénéficient de formations personnalisées intégrant aussi des missions au sein de l’entreprise à mission.

« Pour La Poste, il est essentiel d’accompagner les évolutions technologiques actuelles dans un cadre respectueux de l’usage des données personnelles et anticiper les futures réglementations en matière d’IA. Ce positionnement est fondamental pour développer la confiance dans le numérique. C’est pourquoi l’École de la data et de l’IA de La Poste propose des cours d’IA éthique à ses candidats », précise le groupe.