Des dirigeants de l’Union européenne (UE) appellent à une vaste coopération au sein du bloc pour restreindre les exportations relatives aux puces électroniques avancées, alors que les Pays-Bas viennent d’annoncer de nouvelles mesures allant dans ce sens.

Les Pays-Bas appellent l’UE à les rejoindre

Fin octobre, les États-Unis annonçaient des mesures drastiques pour restreindre au maximum les exportations d’équipements liés aux semi-conducteurs vers la Chine. Washington a ensuite fait pression sur le Japon et les Pays-Bas, deux pays abritant des entreprises essentielles du secteur, Tokyo Electron et ASML, pour qu’eux aussi imposent des restrictions sur les exportations vers l’Empire du Milieu. Fin janvier, les trois parties annonçaient un accord.

Ce mercredi 8 mars, les Pays-Bas se sont exprimés à ce sujet pour la première fois en annonçant des contrôles sur les exportations des machines (qui permettent de fabriquer des semi-conducteurs) « les plus avancées ». Liesje Schreinemacher, ministre néerlandaise du commerce extérieur, a appelé l’UE à lui emboîter le pas : « Je pense que pour montrer que nous sommes une Union européenne unie et que nous sommes un bloc géopolitique, il serait préférable que tous les États membres adoptent cette législation ».

L’UE veut coopérer pour limiter les exportations de technologies à double usage

Valdis Dombrovskis, vice-président de la Commission européenne, a tenu des propos allant dans le sens de Liesje Schreinemacher, ce qui sous-entend que l’UE réfléchit à imposer des restrictions sur les exportations à l’échelle du bloc, et pas seulement de certains pays.

« Nous sommes confrontés à un environnement géopolitique et technologique en évolution rapide et à des risques provenant de technologies émergentes telles que les semi-conducteurs haut de gamme, l'intelligence artificielle, le quantique, l'hypersonique et les biotechnologies. Dans cet environnement, nous pourrions affirmer que nous avons besoin d'un rôle plus important de l'UE pour garantir la cohérence de notre politique en matière de sécurité, de commerce et de technologie », a-t-il déclaré.

Il a affirmé que l'UE était prête à travailler avec ses États membres pour développer une approche commune sur le contrôle des exportations. Ces nouveaux contrôles concerneraient surtout les technologies à double usage, qui peuvent être utilisées dans les domaines civil et militaire ; c’est notamment le cas de semi-conducteurs de pointe, qui peuvent être intégrés à des armes sophistiquées.

Les contours des mesures de restrictions encore à définir

À court terme, l'UE pourrait utiliser pleinement la législation existante en matière de double usage et s'orienter vers une approche plus coordonnée. Ensuite, elle pourrait chercher à renforcer ce cadre afin d'être mieux à même d'adopter des contrôles des exportations à l'échelle de l'UE, rapporte Bloomberg.

De leur côté, les Pays-Bas continuent de réfléchir aux contours des nouvelles mesures qui seront imposées. Par exemple, la ministre du commerce extérieur n’a pas encore décidé s'il fallait autoriser l'entretien et les pièces de rechange pour les machines existantes. Tandis qu’ASML n’exporte pas sa technologie la plus avancée vers la Chine depuis 2019, les nouvelles mesures auront une incidence sur les ventes de ses machines appartement à la génération précédente.