Depuis l’automne, Washington a mis en place diverses restrictions à l’exportation de puces avancées vers la Chine, notamment les A100 de Nvidia, utilisée pour développer l’Intelligence artificielle (IA). Pour continuer à croître et parfois avec le soutien des autorités locales, les entreprises chinoises ont mis au point des stratégies pour contourner ces difficultés.
Les puces américaines sont indispensables pour développer les IA chinoises
En 2019, iFlytek, entreprise chinoise de reconnaissance vocale, soutenue par Pékin, a été placé sur l’Entity List, la liste noire du département du Commerce américain. Elle est soupçonnée d’avoir fourni des technologies de surveillance utilisée pour réprimer les Ouïghours. SenseTime a subi le même sort. Théoriquement, ces deux sociétés ne peuvent plus se fournir en technologies, produits américains, sans l’obtention d’une licence dédiée. Un problème pour ces deux spécialistes de l’IA, qui dépendent des puces avancées comme celle de Nvidia pour développer leurs produits et services.
Selon une enquête de Financial Times, ce problème a été allègrement esquivé, sans placer ces deux entreprises en porte à faux avec les autorités américaines. iFlytek a tout simplement loué des services cloud dotés de puces A100. Le quotidien britannique rapporte qu’AI-Galaxy, une entreprise de cloud de Shanghai, facture 10 dollars l’heure d’accès à des puces Nvidia. L’opération est plus coûteuse, mais des contrats à long terme permettent à iFlytek de continuer son activité.
Peu avant l’officialisation du plus dur train de sanction par Washington, en octobre 2022, des entreprises, aidées par des gouvernements locaux, ont acheté et stocké en masse des puces. Des centres de calcul d’IA, offrant des services cloud, se sont multipliés. Ils suffisent pour former les modèles, notamment les IA génératives misent sur le devant de la scène avec le succès médiatique de ChatGPT. En Chine la course pour imiter le service est déjà bien engagée.
SenseTime a choisi un autre chemin pour continuer à avoir accès aux précieuses puces : elles utilisent des filiales, non inscrites sur l’Entity List, pour ses emplettes. Selon l’un des interlocuteurs du Financial Times, il y aurait une augmentation de la demande de puces A100 d’entreprises étranges.
Contacté par le quotidien, le département du Commerce a fait savoir que le Bureau de l’industrie et de la sécurité, en charge de l’Entity List, enquêtait en cas de soupçons de violation des restrictions à l’export. Nvidia a fait savoir être dans l’incapacité de contrôler l’utilisation de ses produits, mais s’assurer que ses clients respectent les réglementations en vigueur.