Dans le cadre d’une conférence organisée par Morgan Stanley Tech, Media and Telecommunications à San Francisco le 7 mars 2023, Elon Musk a donné un aperçu de ce que pourrait être Twitter à l’avenir. Il a présenté ses ambitions pour le réseau social et a également évoqué la trésorerie de l’entreprise qui traverse une passe difficile.

Elon Musk s’engage à lutter contre la désinformation tout en garantissant un maximum de liberté d’expression

Afin d’évoquer ses plans pour le futur de la plateforme, Elon Musk a choisi d’intervenir dans une table ronde organisée par Morgan Stanley, l’un des principaux créanciers de l’homme d’affaires pour le rachat. En guise d’introduction, le patron de Twitter a d’abord rappelé qu’il voulait faire en sorte que la plateforme devienne un lieu d’expression libre et ouvert. Il souhaite donner le pouvoir aux utilisateurs pour ce qui est de surveiller les actes de désinformation et de contrevérités. Avec l’intelligence artificielle, les utilisateurs pourraient bénévolement remplacer les modérateurs dont de nombreux postes ont été supprimés.

Selon Elon Musk, « l’objectif est de faire en sorte que Twitter soit la meilleure source de vérité, la source de vérité la plus opportune et la plus précise, même si la vérité est quelque chose que nous ne voulons pas entendre ou désagréable ou autre, mais qu’elle soit opportune et précise, et où vous pouvez vraiment comprendre ce qui se passe ». L’Union européenne se montre toutefois méfiante et aimerait que Twitter embauche des modérateurs. La plateforme a été une des rares à ne pas rendre un dossier complet sur l’application du code de pratique 2022 sur la désinformation. Un engagement qui préfigure l’entrée en vigueur du Digital Service Act est prévu pour le 2 mai prochain.

Elon Musk assure qu’il y a moins de contenu discriminatoire sur le réseau social

Pour ce qui est de la liberté d’expression, Elon Musk en a déjà mis en avant sa vision extensive. Le cas le plus célèbre est celui de Donald Trump, suspendu après avoir dénoncé, sans preuve, être victime d’une élection présidentielle truquée en 2020, face à Joe Biden. Elon Musk lui a permis de revenir au nom d’une liberté d’expression parfois contradictoire avec la lutte contre la désinformation.

Cette vision de la liberté d’expression est aussi victime des propres contradictions du milliardaire. Ce dernier a déjà demandé le bannissement de plusieurs comptes, notamment de journalistes critiques sur ses méthodes. Un autre exemple connu, en 2022, est celui d’un étudiant américain, Jack Sweeney tenait un compte sur Twitter où il suivait à la trace le jet privé d’Elon Musk.

Malgré tous ces déboires, l’homme d’affaires a tenté de prouver que ses équipes travaillaient bien pour lutter contre cette désinformation et contre les discours de haine. Comme l’indique SocialMediaToday, il a présenté plusieurs graphiques mettant en lumière ses différentes actions pour lutter contre les discours haineux et souvent vecteurs de fausses informations. Selon lui, ce type de discours a baissé de 50 % depuis qu’il a acquis l’application fin octobre 2022.

Graphique montrant le pourcentage de contenus haineux sur Twitter.

Le pic fin octobre 2022 correspond à l’acquisition de Twitter par Elon Musk. À ce moment-là, le nombre de contenus haineux aurait bondi à cause d’un bot selon le milliardaire. Graphique : >50 % less hate speech than pre-acquisition / Twitter.

Graphique représentant le nombre de comptes bannis pour avoir posté du contenu contraire aux lois sur la protection de l'enfance.

Environ 800 000 comptes ont été suspendus au cours du mois de février 2023 pour avoir posté du contenu contraire aux lois sur la protection de l’enfance. C’est quatre fois plus qu’en octobre 2022. Graphique : Proactively reducing CSE on Twitter / Twitter.

Elon Musk souhaite que Twitter devienne une application de la vie de tous les jours

La prise de parole d’Elon Musk étant dans le cadre d’une conférence de Morgan Stanley, la question des finances a évidemment été abordée. De l’aveu même du propriétaire de Twitter depuis plusieurs mois, les comptes sont au plus mal. Une difficulté structurelle pour un réseau social ayant toujours eu du mal à atteindre la rentabilité, qui s’est aggravée par la fuite des annonceurs. Le patron de la plateforme reconnaît une baisse massive de la publicité sur son application. Ils représentaient jusqu’alors près de 90 % de son chiffre d’affaires.

Elon Musk souhaite séduire les annonceurs ayant fui la plateforme, notamment via des options de ciblages. Il a également cherché d’autres sources de financement comme Twitter Blue. En parallèle, le dirigeant à sabrer dans les coups fixe, allant jusqu’à ne plus régler certains loyers et surtout en licenciant une bonne partie de son personnel. Un élément qui pourrait ne pas être étranger aux récentes pannes de Twitter début mars et au manque de modérateurs redouté par l’UE. Toutefois le milliardaire l’affirme, c’est ainsi que les finances de son entreprise s’amélioreront au fur et à mesure, en accroissant le nombre d’utilisateurs actifs quotidiens.

Pour ce faire d’autres outils sont en discussion ou en phase de développement. Twitter pourrait devenir une application tout-en-un. Pour y parvenir, Elon Musk proposerait notamment l’intégration des paiements sur la plateforme. « Je pense qu’il est possible de créer une expérience financière très puissante. Pourquoi ne pas avoir la possibilité de transférer de l’argent sans aucun effort d’un compte Twitter à un autre ? […] Fondamentalement, je pense qu’il est possible de devenir la plus grande institution financière au monde, simplement en offrant aux gens des options de paiement pratiques », suggère le dirigeant de Twitter.

Ce modèle d’application tout-en-un, de « super app » existe déjà en Chine avec WeChat, l’application développée par Tencent. Elle permet à ses utilisateurs d’avoir accès à une multitude de fonctionnalités. En plus d’avoir accès à un service de messagerie textuel, audio et vidéo, la plateforme propose de jouer à des jeux mobiles, d’avoir accès à un moteur de recherche ou d’effectuer des achats en ligne ou grâce à son téléphone. Avant d’officialiser son rachat, Elon Musk avait déjà envisagé de transformer Twitter en une super application. Il décrit un futur Twitter comme un WeChat occidental, basé sur les acquis du réseau social.