Une nouvelle étude publiée dans la revue Nature démontre que l’abondance de satellites Starlink en orbite basse affecte directement l’activité du télescope Hubble.

Une étude le prouve

Il s’agissait de l’une des plus grandes craintes des astronomes, et elle semble se confirmer. La présence de la constellation Starlink gêne parfois les spécialistes qui observent le ciel depuis la Terre, mais également certains télescopes se trouvant en orbite.

Afin de connaître l’impact de ces satellites, qui appartiennent à SpaceX et visent à déployer un réseau Internet haut débit dans les zones les plus reculées, sur Hubble, des chercheurs de l’institut Max Planck en Allemagne ont analysé des archives d’images prises par le télescope entre 2002 et 2021. Ils ont ensuite utilisé ces données pour entraîner un algorithme d’apprentissage automatique qui a étudié plus de 100 000 photos individuelles de Hubble.

La probabilité de voir un satellite sur une image Hubble entre 2009 et 2020 est de 3,7 %. En revanche, elle est de 5,9 % en 2021, selon les résultats des chercheurs. Cela correspond précisément à Starlink, estiment-ils, la constellation comptait en effet 1 562 satellites à ce moment. Depuis, l’entreprise a lancé des milliers d’autres satellites supplémentaires… Autre fait intéressant : les appareils de SpaceX dérangent surtout Hubble lorsqu’il étudie une grande partie du ciel. Dans ce cas, il peut ne prendre qu’une ou deux images avant de réorienter sa caméra, donc si l’une d’entre elles est détruite par un satellite, elle peut être invalidée.

Pour les photographies d’objets spatiaux bien distincts, le télescope capture plusieurs images qui sont empilées les unes sur les autres, et n’est donc pas forcément dérangé lorsqu’un satellite fait son apparition sur l’une d’entre elles.

Différentes images capturées par Hubble où l'on voit des satellites Starlink gêner son champ de vision.

Différentes images capturées par Hubble où l’on voit des satellites Starlink gêner son champ de vision. Image : Nature Astronomy

Des milliers de satellites supplémentaires dans les années à venir

Néanmoins, le problème pourrait devenir beaucoup plus récurrent au fil du temps. SpaceX prévoit, à terme, d’envoyer 42 000 satellites en orbite, tandis que d’autres entreprises comme OneWeb ou Amazon souhaitent également placer leurs propres constellations, qui comptent des centaines voire des milliers d’appareils, en orbite. Le chiffre est ahurissant : au total, 431 713 satellites devraient être lancés dans les années à venir, rapporte le New York Times.

Or, les chercheurs ont établi dans leur étude qu’avec seulement 100 000 lancements supplémentaires, environ 50 % des images de Hubble seraient affectées par la présence d’un satellite, ce qui pourrait équivaloir à une importante quantité de données scientifiques gaspillées.

Pour l’heure, il n’y a pas vraiment de solution efficace

De son côté, SpaceX tente de résoudre le problème, notamment en recouvrant ses satellites d’une visière faisant office de pare-soleil afin d’être moins visibles dans le ciel. Cette solution n’est toutefois pas efficace à 100 %. Le PDG de l’entreprise, Elon Musk, a également suggéré aux opérateurs des télescopes de les déplacer pour éviter d’être dérangés.

Toutefois, Hubble se trouve juste en dessous de la plupart des satellites Starlink, et ne peut donc pas éviter les interférences de ces derniers. Même son de cloche pour le satellite Xuntian, également connu sous le nom de Chinese Survey Space Telescope, qui sera envoyé par la Chine en fin d’année. Il aura un champ de vision encore plus large que Hubble et sera donc touché par ce phénomène à plus grande échelle. Il ne pourra pas être positionné plus haut que prévu, car il a été pensé pour partager son orbite avec la station chinoise Tiangong.

Si la communauté d’astronomes tente de trouver une solution, notamment à travers l’ouverture d’un centre réunissant des scientifiques, des opérateurs de satellites et des régulateurs, le problème risque de perdurer, d’autant plus lorsque l’on prend en compte le nombre de lancements prévus au cours des prochaines années. Espérons que le célèbre Hubble, en orbite depuis 1990 et ayant permis de nombreuses avancées, prendra sa retraite à cause de son vieil âge, plutôt qu’en raison des satellites qui parasitent son champ de vision.