Le ton est monté d’un cran entre la Chine et les États-Unis. À l’occasion de la session annuelle d’un comité consultatif national réunissant près de 5000 acteurs économiques, le dirigeant chinois Xi Jinping s’est prononcé sur les relations chinoises avec les pays occidentaux, en particulier avec les États-Unis, « Les pays occidentaux, sous la houlette des États-Unis, ont mis en œuvre des mesures d’endiguement, d’encerclement et de répression à notre encontre, posant des défis d’une gravité sans précédent au développement de notre pays ». Ce discours, reprenant un vocabulaire évoquant la guerre froide, est destiné à conforter la légitimité du président de la République Populaire de Chine, renforce également la position de la Chine comme un modèle contre-occidental.

L’affaire du ballon-espion chinois abattu par l’aviation américaine est le récent point d’orgue d’une série de différends, contribuant à l’exaltation des ressentiments entre la Chine et les États-Unis. Menace d’interdiction de TikTok sur le territoire américain, collusion du pouvoir chinois avec le régime russe dans le contexte du conflit ukrainien, interdiction totale de délivrance des licences d’exportation à Huawei : le statut de leader mondial est au cœur du conflit entre les deux grandes puissances, qui alternent entre coopération et concurrence. L’avertissement de Xi Jinping vient ajouter de l’huile sur le feu, à des relations diplomatiques déjà tendues.

Une rhétorique belliqueuse est courante dans les discours officiels chinois. Dès l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping en 2012, le pays adopte une diplomatie « du loup guerrier », visant à répondre aux critiques proférées à l’encontre de la Chine par la confrontation et la radicalité. Pour autant, la dénonciation directe des pays auxquels les critiques sont adressées reste inhabituelle. Xi Jinping emploie généralement des termes plus vagues comme « pays occidentaux » et « pays développés », sans citer directement ces nations. En visant explicitement les États-Unis, la Chine verbalise l’hostilité du régime envers son rival occidental.

Les résultats économiques de la Chine sont mitigés : entre janvier et février 2023, les exportations chinoises ont chuté de près de 7 %, en raison de l’affaiblissement de la demande mondiale. En 2022, le PIB chinois a augmenté de 3%, soit une des plus faibles hausses de croissance depuis les quarante dernières années.

Xi Jinping souhaite rassurer et collaborer avec les acteurs privés, qui contribuent à 60 % du PIB et 80% du taux d’emploi. « Nous devrions laisser les entreprises privées jouer un rôle important dans la stabilisation de l’emploi et l’augmentation des revenus », pour contribuer à la « prospérité commune ». Toutefois, il n’est pas question de dévier de l’idéologie officielle en « comprenant correctement » les politiques du parti communiste, au risque de connaître un destin tragique, à l’image d’autres dirigeants déchus.