Euronews, la chaîne de télévision paneuropéenne fondée à Lyon en 1993 est sur le point de se relocaliser à Bruxelles, laissant sur le carreau environ 200 journalistes. Au cours d’un comité social et économique (CSE), Guillaume Dubois, son directeur général, a annoncé, le 2 mars, la volonté de devenir « un média d’information européen pour les Européens ». Il s’agit du troisième plan social en l’espace de six ans.

Euronews va s’installer à Bruxelles

Racheté, à hauteur de 88 %, en juillet 2022 par le fonds d’investissement portugais Alpac Capital, Euronews connaît des difficultés financières. Lors de sa prise de parole, relayée par Le Monde, Guillaume Dubois a expliqué que la chaîne a enregistré 150 millions d’euros de perte sur les dix dernières années, « une machine infernale à générer des pertes financières ».

Pour redresser la situation, le groupe prévoit de redéployer une partie de ses effectifs dans de nouveaux locaux à Rome, Berlin, Lisbonne, Madrid, Londres et Bruxelles, sa nouvelle rédaction centrale. Chaque journaliste sera invité à retourner dans son pays d’origine. Ce faisant, Euronews va créer 100 emplois en Belgique et 50 nouveaux postes dans les six autres capitales européennes.

Sur ses 478 salariés actuels, l’entreprise va remercier 198 personnes d’ici à six mois. « Les conséquences sont très importantes à Lyon, avec au total de 200 licenciements envisagés », a déclaré Guillaume Dubois. Le célèbre bâtiment vert pomme, situé sur les bords de la Saône, dans le quartier Confluence, a d’ores et déjà été mis à la vente. Les 142 journalistes restant en France devraient bientôt déménager. D’après le directeur de la chaîne, cette cession pourrait permettre « une réduction significative des coûts d’exploitation, de l’ordre de 3 millions d’euros par an ».

Pour les personnes concernées par ce plan de restructuration, c’est l’esprit d’Euronews qui va disparaître. Dans un communiqué, le Syndicat National des Journalistes (SNJ) a exprimé son soutien à tous les journalistes du groupe. Marie Jamet, représentante SNJ du personnel, a indiqué que « nous n’avions pas idée que la réorganisation prendrait cette forme, mettant fin à notre modèle ». Le syndicat craint notamment que ces changements fassent « d’Euronews une coquille à moitié vide », alors que la chaîne repose sur une rédaction multilingue et cosmopolite. Pour eux, « cela risque d’affaiblir le pluralisme de l’information ».