Dans le cadre de la potentielle acquisition d’Activision Blizzard par Microsoft, la Commissaire européenne à la concurrence, Margrethe Vestager, a tenu à prendre la parole. Elle est revenue sur les différentes enquêtes menées sur l’opération par l’institution européenne, mais aussi par la Competition and Markets Authority (CMA) et la Federal Trade Commission (FTC), respectivement autorités de la concurrence britannique et américaine.

La Commission européenne espère se faire entendre, peu importe le verdict

Dans un entretien accordé à Bloomberg, la responsable de l’application des lois antitrust au sein de l’UE a tenu à faire une mise en garde. Elle explique que dans une affaire comme celle du rachat d’Activision Blizzard par Microsoft, plusieurs régulateurs peuvent entrer dans la danse et prendre des décisions contraires. « Même lorsque nous examinons une transaction avec différents marchés et dispositions légales, nous obtenons parfois différents résultats, ce qui complique sévèrement la tâche », ajoute Margrethe Vestager.

Depuis l’annonce de cette procédure de rachat en janvier 2022, la FTC ainsi que la CMA enquête afin de savoir si cette acquisition ne pourrait pas mettre à mal la concurrence. À plusieurs reprises, les deux autorités ainsi que l’UE ont demandé à Microsoft d’apporter des garanties comme céder la franchise Call of Duty à d’autres consoles. Le géant technologique a décidé de montrer sa bonne foi aux régulateurs en multipliant les accords avec ses concurrents, dont Nvidia ou Nintendo. Malgré cela, Sony, son plus féroce rival, continue de lui mettre des bâtons dans les roues selon Phil Spencer, le dirigeant d’Xbox Games Studio. Des joueurs contestent même cette opération.

Avec trois enquêtes différentes en cours, la troisième vice-présidente exécutive de la Commission européenne ne cache pas ses inquiétudes. « Je pense qu’il est très important de discuter avec les autres autorités de la concurrence, car nous ne pouvons pas être dans une course », affirme Margrethe Vestager, « nous devons desservir les marchés spécifiques où nous avons juridiction ». Selon elle, les institutions de l’UE ont les « obligations juridiques les plus lourdes ». Elle souhaite que chaque décision prise puisse « résister à un examen devant n’importe quel tribunal ». En d’autres termes, peu importe la décision prise par la Commission, Margrethe Vestager espère qu’elle sera respectée partout dans le monde.

Microsoft continue de prouver sa bonne foi pour acquérir Activision Blizzard

À la fin du mois de février, une audition à huis clos autour de cette affaire s’est déroulée avec la présence des représentants de l’entreprise américaine et de l’éditeur de jeu vidéo. L’avocat de Microsoft, Brad Smith, aurait déclaré « qu’il n’était pas réaliste de penser qu’un jeu ou une branche d’Activision Blizzard puisse être séparé du reste de l’entreprise ».

L’avocat fait ainsi référence aux concessions demandées par les autorités au géant technologique sur l’exclusivité des titres d’Activision Blizzard pour consoles de jeux. D’après le juriste, les régulateurs seraient confrontés à seulement deux choix : « mettre un terme à la procédure ou laisser les choses se faire afin que Microsoft prouve sa bonne volonté ».

De son côté, Phil Spencer s’est entretenu avec The Times. Le dirigeant n’a pas mâché ses mots, décriant le manque de connaissances des régulateurs pour intervenir sur le sujet, « La plupart du temps, au cours de ma carrière chez Xbox, lorsque j’ai rencontré des régulateurs gouvernementaux, il y avait un réel manque de connaissances sur l’industrie des jeux. J’ai apprécié passer du temps avec eux et, dans certains cas, aider à éduquer. Je pense que pour beaucoup de régulateurs, c’est la première fois qu’ils se penchent sur cette industrie ».

Pour Phil Spencer, même si la fusion avec Activision Blizzard ne se fait pas, Xbox continuera d’exister et tentera de se développer sans. Les prochaines semaines seront sans doute décisives pour Microsoft puisque la Commission européenne rendra sa décision sur cette opération au plus tard le 11 avril prochain.