Les temps sont durs pour les médias 100 % numériques alors que le marché de la publicité digitale est en berne. Des difficultés qui se ressentent pour VICE France, la branche française du célèbre média américain. Paul Douard, son rédacteur en chef, a annoncé, le 27 février, la fermeture de l’antenne française d’ici la fin du mois de mars. 30 salariés seront laissés de côté.
Clap de fin pour VICE France
Après quinze ans d’activités, VICE France tire sa révérence. Paul Douard fait part de sa « frustration de perdre un média avec un ton, une liberté et des choix audacieux. Quelque chose de rare aujourd’hui ». Le pure player avait su se démarquer de ses concurrents en proposant une ligne éditoriale mêlant des interviews originales aux papiers et enquêtes sérieuses.
🫡CLAP DE FIN🥺
Triste de l’écrire, mais c’est la fin de VICE France. Le bureau va fermer d’ici fin mars. 15 ans d’existence d’un média fabuleux qui m’aura donné ma chance il y a 10 ans. Fier d’en avoir été le rédacteur en chef pendant 5 ans, accompagné de personnes supers. ⬇️ pic.twitter.com/sWH5DiVLQ3— Paul Douard (@Paulo_Douard) February 27, 2023
« Quoi qu’on en pense, VICE était un média à part en France » a déclaré son rédacteur en chef. Il a affirmé qu’« aucun autre ne lui ressemblait et c’était notre force ». Le 31 mars, les journalistes seront appelés à faire leurs cartons et rendre les clés de leurs locaux parisiens.
Des difficultés en interne
La révélation de l’arrêt de VICE France n’est pas si surprenante que ça. Quelques jours auparavant, Nancy Dubuc, la directrice générale de Vice Media présentait sa démission, expliquant que le groupe peinait à vendre son audience et à passer le seuil de rentabilité. D’après le Wall Street Journal, Vice Media est aujourd’hui valorisé à 1,5 milliard de dollars, bien loin des 5,7 milliards de dollars de valorisation atteint en 2017.
Sur Twitter, Louis Dabir, ancien rédacteur en chef adjoint, mentionne un « très haut potentiel, très mal exploité par les dirigeants américains et anglais, enchaînés par leurs œillères et leur condescendance ». Interrogés par Le Monde, des employés de la rédaction souhaitant rester anonymes ont indiqué de « mauvais choix stratégiques », à propos notamment de la fermeture en 2020 de Virtue, leur régie publicitaire.
La fin en France d'un média à très haut potentiel, hélas très mal exploité par les dirigeants américains et anglais, enchaînés par leurs œillères et leur condescendance. ⬇️ https://t.co/hf7jSnTIUd
— Louis Dabir (@louisdabir) February 27, 2023
En 2019, le groupe fondé au Canada supprimait près de 250 postes et mettait fin, un an plus tard, à son antenne espagnole. Dans un courrier adressé aux salariés, Vice Media a évoqué « une situation financière préoccupante depuis plusieurs années » et prévoit que celle-ci continue de se détériorer en 2023.