Alors que le Mobile World Congress (MWC) vient d’ouvrir ses portes à Barcelone, Huawei compte bien prouver aux yeux du monde, et particulièrement de ceux Américains, qu’elle continue d’être un leader des télécommunications.

Les fabricants chinois venus en nombre

Le Mobile World Congress est une exposition annuelle au cours de laquelle les fabricants de smartphones présentent leurs nouveaux appareils et technologies, mais également où les cadres du secteur des télécommunications examinent les derniers équipements et logiciels de réseau. Cette année, après trois ans soumises aux restrictions Covid en vigueur dans leur pays, les entreprises chinoises sont venues en force.

Comme le rapporte l’Associated Press, sur les 2 000 exposants et sponsors, 150 sont des firmes chinoises. Celle qui est la plus mise en avant est, contre toute attente, Huawei. L’entreprise a augmenté sa présence de 50 % par rapport à l’année dernière et occupe la quasi-totalité d’un vaste hall d’exposition au centre de convention Fira dans la capitale catalane.

Depuis 2019, l’entreprise, qui dominait alors le secteur du smartphone, fait l’objet de lourdes sanctions américaines. Celles-ci continuent de s’intensifier depuis et devraient encore devenir plus importantes prochainement. Les États-Unis ont, par ailleurs, convaincu leurs alliés de se ranger de leurs côtés, affectant très fortement l’entreprise chinoise. Cette dernière a perdu sa licence Google et donc Android, faisant chuter drastiquement ses ventes de smartphones, mais elle a également vu ses équipements 5G retirés de marchés comme la Suède ou le Royaume-Uni pour des soupçons d’espionnage.

« Les sanctions ont eu un grand impact, mais dans le même temps, cela ne va pas nous ralentir pour fournir des innovations, des solutions innovantes. Nous allons continuer à faire des affaires avec les entreprises et les pays qui veulent notre soutien », promet Brian Chamberlin, conseiller exécutif de Huawei.

Huawei ne se laisse pas faire

Malgré les sanctions, le géant chinois conserve son statut de premier fabricant mondial d’équipements réseau grâce à ses ventes dans son pays d’origine et dans des pays où Washington n’a pas réussi à persuader les gouvernements de boycotter l’entreprise.

Au MWC, Huawei voit les choses en grand : l’entreprise expose ses dernières antennes 5G aux côtés d’équipements destinés aux anciennes générations de réseaux cellulaires, qui représentent encore une grande partie de son activité. Des commutateurs de réseaux optiques et un nouveau câble en fibre flexible pour les réseaux domestiques sont en outre exposés à l’intérieur d’une zone VIP, tandis que des smartphones et d’autres appareils grand public comme des oreillettes sont présentés à l’entrée de son pavillon.

Interrogé par l’Associated Press, John Strand, consultant danois sur l’industrie des télécommunications assure que Huawei veut « faire un doigt d’honneur à Biden ». Selon lui, le constructeur a un message clair à faire passer : « Malgré les sanctions américaines, nous sommes bien vivants et nous nous portons très bien ». S’il est vrai que Huawei continue de dominer le marché des équipements réseaux, les sanctions américaines ont tout de même eu raison de son activité dans le secteur du smartphone, du moins en Europe où la société était pourtant très présente.

Une occasion rêvée pour les constructeurs de l’Empire du Milieu

De manière globale, les fabricants chinois sont déterminés à faire valoir leurs capacités lors de ce MWC, qui va durer toute la semaine. « La levée des restrictions COVID en Chine a permis à ces fabricants d’assister en force au salon. Ils sont tous désireux de s’imposer comme la « troisième alternative » à Apple et Samsung sur les marchés européens et considèrent le MWC comme un événement charnière pour y parvenir », explique Ben Wood, analyste chez CCS Insight, firme de consultation technologique.

Honor, Oppo et Xiaomi ne comptent pas laisser passer cette occasion de prouver que leurs appareils sont tout aussi performants que ceux de leurs concurrents américains et sud-coréens, dans un contexte de guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine. Pour rappel, Honor était une division de Huawei, qui a finalement été vendue à cause, justement, des sanctions américaines qui affectaient son activité.