Aux États-Unis, l’industrie des semi-conducteurs est en pleine effervescence alors que l’administration Biden doit annoncer, le 2 mars, les règles de candidatures aux subventions du Chips Act. Les géants du secteur s’interrogent sur la répartition de l’enveloppe dont le montant s'élève à 39 milliards de dollars.

Le Chips Act se met doucement en place

Adopté au mois d’août 2022, le Chips Act a été pensé dans un environnement économique marqué par une pénurie mondiale de puces électroniques et un moyen de renforcer la souveraineté américaine dans le secteur des semi-conducteurs. Pour autant, depuis sa ratification, les enjeux de cette législation ont évolué.

Au cours d’une prise de parole publique, le 23 février, rapportée par Bloomberg, Gina Raimondo, secrétaire au Commerce des États-Unis a indiqué que l’objectif du programme était davantage de renforcer la sécurité nationale que de stimuler l’activité des fabricants de semi-conducteurs, « Le but de cette législation n’est pas de subventionner les entreprises parce qu’elles sont en difficulté dans un ralentissement cyclique », a-t-elle expliqué, « ce n’est pas pour aider les sociétés à devenir nécessaires plus rentables aux États-Unis ».

Washington veut que les objectifs de la législation soient clairs

Pour l’administration Biden, l’intention première du Chips Act est de se libérer de la dépendance à la Chine et à Taïwan sur la production et l’importation de semi-conducteurs. « Je m’attends à ce qu’il y ait de nombreuses entreprises déçues, qui estiment qu’elles devraient avoir une certaine somme d’argent », a déclaré Gina Raimondo. Elle ajoute que « la réalité est que le retour sur notre investissement ici est la réalisation de notre objectif de sécurité nationale ».

Le Chips Act doit permettre de relocaliser aux États-Unis des propres technologies de fabrication de pointe tout en créant un écosystème pour les fournisseurs et les chercheurs en la matière. « Les États-Unis doivent concevoir et produire les plus les plus avancées au monde sur son propre territoire », soulignait-elle. Aujourd’hui, les composants utilisés pour les appareils de l'armée américaine, à savoir les armes hypersoniques, les drones ou les satellites, proviennent essentiellement de l’étranger.

39 milliards de dollars alloués aux semi-conducteurs

Plusieurs entreprises proposent leurs projets d’usines de fabrication de semi-conducteurs pour tenter d'obtenir des subventions. Gina Raimondo a affirmé vouloir voir émerger « au moins deux » nouveaux groupes capables de produire des puces à la pointe de la technologie, en plus des autres types de composants. Ces nouvelles manufactures pourraient être en partie financées par l’enveloppe du Chips Act.

Selon le département du Commerce, relayé par le New York Times, deux tiers des 39 milliards de dollars devraient être attribués aux producteurs de puces électroniques de pointe comme celles de TSMC, Samsung ou Intel. Le tiers restant devrait être reversé aux autres formes de semi-conducteurs, ceux des appareils électroniques de tous les jours, dans les équipements militaires et dans l’automobile.

À cette somme s'ajoutent 11 milliards de dollars dédiés à la construction de centres de recherche sur les semi-conducteurs. Plusieurs institutions dans les États du Texas, de l’Arizona, de la Géorgie, de l’Indiana, de la Floride et de l’Ohio se sont déjà montrées intéressées.

Le problème de la répartition

Au-delà de la question de la répartition en fonction des domaines d’activité se pose celle de la distribution entre les différents acteurs de l’industrie. Chaque société de semi-conducteurs tâte le terrain pour savoir combien elle percevra et quel est le montant obtenu par ses concurrents. Interviewé par le New York Times, Willy Shih, un professeur de management à l’Harvard Business School, a rappelé que ce genre de comportement n’était pas surprenant. « Cela fait longtemps que les États-Unis n’avaient pas fait quelque chose de cette ampleur », confiait-il, « l’enjeu est considérable ».

L’un des plus grands défis du Chips Act est de partager l’argent de manière suffisamment large pour instaurer un écosystème sain capable de perdurer dans le temps. Pour le moment, les subventions peuvent aller jusqu’à 3 milliards de dollars, voire plus, par projet. Les entreprises américaines de l’industrie des semi-conducteurs attendent de plus amples précisions sur les modalités de candidatures et sur l’attribution du cachet dans les jours à venir.