Des enquêteurs examinent les liens potentiels entre le gouvernement chinois et l’ex-employé d’ASML accusé d'avoir volé des données à l’entreprise. Cette révélation intervient dans un contexte très tendu entre l’Occident et la Chine sur le sujet des semi-conducteurs.

Les enquêteurs progressent

Lors de l’annonce de son bilan trimestriel, le géant néerlandais, qui fabrique du matériel critique à la fabrication de semi-conducteurs, annonçait avoir subi un vol de données de la part d’un ex employé situé en Chine. Cette personne a été identifiée comme ayant des liens potentiels avec une entité parrainée par l'État chinois et ayant volé les données en son nom, selon Bloomberg, qui s’est entretenu avec deux personnes proches du dossier. L’entité a déjà été liée à des vols de propriété intellectuelle par le passé.

Il s’agit de la deuxième violation de ce type qu’ASML lie à la Chine en moins d'un an. Le gouvernement américain, en plus de l’entreprise, enquête sur cette affaire. Il affirme que la Chine utilise un vaste système d'incitations pour faciliter le vol de la propriété intellectuelle des entreprises occidentales à ses propres fins.

ASML, cible privilégiée pour l’espionnage

ASML est une entreprise essentielle au secteur des semi-conducteurs. Elle développe des systèmes de lithographies nécessaires à leur fabrication. Depuis 2019 néanmoins, ​​le gouvernement néerlandais interdit à l’entreprise d'exporter sa technologie de lithographie par rayonnement ultraviolet extrême vers la Chine, mais elle continue tout de même d’y acheminer des systèmes de lithographie de qualité inférieure.

Pour se rendre compte du monopole d’ASML dans ce domaine, il faut savoir que la société détient 90 % du marché mondial des équipements de lithographie, selon le cabinet d'études Gartner. Elle est, par conséquent, une cible privilégiée pour les entités souhaitant mener des campagnes d’espionnage.

En outre, les Pays-Bas ont récemment passé un accord avec les États-Unis afin de restreindre les exportations d'équipements de pointe destinés à la fabrication de semi-conducteurs vers la Chine. Cela pourrait expliquer l’ambition de l’Empire du Milieu à dérober des données clés pour la conception de ce matériel. Le PDG d’ASML, Peter Wennink, s’est en partie opposé à ces restrictions, en expliquant que la Chine finirait par développer ses propres alternatives nationales si elle ne pouvait pas se procurer la technologie ailleurs.

ASML compte 1 500 employés en Chine, et le pays constitue son troisième marché le plus important, derrière Taïwan et la Corée du Sud.