D’ici dix ans, jardiner, pendre le linge ou encore laver sa maison pourraient être de l’histoire ancienne. Dans une étude de Plos one, une revue scientifique américaine, 65 experts en intelligence artificielle se sont interrogés sur le niveau d’automatisation des tâches quotidiennes. Selon eux, 39 % du temps consacré aux tâches ménagères pourrait être réduit grâce aux robots au cours de la prochaine décennie.

Des résultats disparates entre les tâches

Au cours des années 2030, les experts estiment à 59 % que la tâche domestique la plus simple à automatiser sera les courses. Au contraire de la garde des enfants qui se retrouve dernière avec 21%. Globalement, le travail ménager est considéré comme plus facile à réaliser par des robots à 44 % tandis que celui du soin est seulement de 28 %. Des tâches, déjà largement automatisées comme le lavage de la vaisselle, ne sont pas prises en compte par l’étude. Elle ne dit pas si le rangement de ladite vaisselle est pris en considération.

Les experts qui ont mené cette étude viennent pour 29 d’entre eux du Royaume-Uni et 36 du Japon. Les scientifiques japonais, dont le pays est réputé pour son savoir-faire en robotique, sont, paradoxalement, beaucoup moins optimistes sur l’automatisation (36%) que leurs homologues britanniques (42 %).

Autre divergence entre les scientifiques, sur l’échantillon britannique, les femmes sont plus pessimistes (38%) que leurs homologues masculins (45%). Une piste peut éclairer ce scepticisme : de longue date, près de cent ans, les professionnels du marketing du monde de l’électroménager promettent que leurs produits vont « libérer la femme » des tâches ménagères. Or, en 2015, une étude de l’Insee pointait qu’une femme encore consacre 4h38 par jour au travail domestique, 2 heures et 12 minutes de plus que les hommes.

Les experts ont été sélectionnés par une équipe de chercheurs dirigée par Ekaterina Hertog. Les personnes choisies sont des spécialistes en intelligence artificielle sur l’avenir de l’automatisation de 17 tâches ménagères et de soin. En amont de ce travail, les scientifiques ont compilé plusieurs études.

En 2013, des chercheurs avaient prédit qu’environ 47 % des emplois aux États-Unis étaient menacés par l’automatisation. Au Royaume-Uni, une étude affirmait, de son côté, que 43 % du temps de travail et d’études des personnes en âge de travailler est utilisé pour le travail domestique. Pour les chercheurs, ces deux recherches sont intimement liées. La BBC, qui a relayé l’étude de Plos one, explique que les travaux ménagers comme la cuisine et le nettoyage, ainsi que les soins aux enfants peuvent impacter la productivité d’un employé.

Ces résultats misent sur l’évolution du nombre d’appareils connectés dans le monde. Aujourd’hui d’une quinzaine de milliards, ce nombre devrait atteindre les 75 milliards en 2025 selon GlobalPlatform. Un marché qui attise les convoitises des géants de la tech. Amazon a, par exemple, racheté la marque d’aspirateur robot iRobot pour 1,7 milliard de dollars en 2022.