Airbus se voit opposer une fin de non-recevoir par l’un de ses actionnaires, The Children’s Investment Fund Management (TCI). Ce fonds d’investissement britannique est dirigé par le milliardaire Chris Hohn. Ce dernier s’est exprimé auprès du Financial Times pour motiver le rejet du projet d’achat de parts d’Evidian, future branche cybersécurité de l’entreprise de services numériques (ESN) Atos. Un tel désaccord au sein de l’actionnariat d’Airbus n’est pas sans conséquence pour l’ESN française, qui misait sur cette opération pour rééquilibrer ses comptes, dans le cadre d’un plan de redressement.

Un partenariat stratégique avorté ?

Atos souhaite ouvrir aux investisseurs le capital d’Evidian, sa future branche dédiée à la transformation numérique, au big data et à la cybersécurité, issue d’une scission entre son entité de cybersécurité SpinCo et TFCo, consacrée aux services d’infogérance et professionnels et aux espaces de travail numériques. Thalès, géant français de l’électronique, aurait notamment approché l’ESN, avant de se retirer. Jeudi 16 décembre, le démarrage de discussions entre Airbus et Atos pour l’acquisition de parts d’Evidian était officialisé, ouvrant la voie à une participation financière à hauteur de 29,9% du capital. Les réactions ne se sont pas fait attendre : l’action de l’ESN a atteint 13 euros, soit un gain de près 10.5% par rapport à son niveau précédant l’annonce.

Une opposition farouche

Chris Hohn a pourtant annoncé son intention de s’opposer à cette opération. L’hedge fund britannique, qui détient 3% des parts d’Airbus, a déposé une motion de 16 points, qui sera discutée à l’occasion de la prochaine assemblée générale en avril prochain. Le recours à des poursuites à l’encontre d’Airbus n’est pas exclu, si le constructeur aéronautique venait à rester sourd au désaccord de TCI ou en cas d’intervention d’un acteur politique. Aucune réaction ne s’est fait entendre, ni de la part des pays actionnaires (France, Grande-Bretagne et Espagne), ni d’Airbus et d’Atos.

Des motivations incertaines

À travers sa participation au capital d’Evidian, Airbus ambitionne d’améliorer ses capacités dans le secteur du numérique, et plus particulièrement en cybersécurité. À contrario, Chris Hohn y voit une dilution de l’activité d’Airbus, et estime que l’acquisition ne sera jamais rentable, étant donné l’ampleur des dettes et besoins en financement. Il estime que la proposition serait en réalité de nature politique, dans le but d’assurer « la souveraineté technologique en France ». Une autre raison pourrait expliquer ces déclarations publiques : cette position critique pourrait faire chuter le prix d’achat. Une stratégie déjà adoptée par Chris Hohn rappelle Les Échoslors de l’acquisition de Zodiac par Safran en 2017.