Le président de Kyocera, Hideo Tanimoto, s'est exprimé autour de l'impact des sanctions américaines prises à l'encontre de la Chine fin 2022. Selon le dirigeant de l'entreprise japonaise, l'Empire du Milieu pourrait cesser d'être une option pour la fabrication et l'exportation de leurs produits.
Le PDG de Kyocera considère que les entreprises ne délocaliseront plus leur production en Chine
« Le modèle commercial de production en Chine et d'exportation à l'étranger n'est plus viable » selon les propos tenus par Hideo Tanimoto au Financial Times. Même si la production de composants électroniques ou d'appareils électroniques est toujours possible pour alimenter son vaste marché intérieur, le dirigeant pense que les entreprises étrangères se délaisseront de la deuxième puissance mondiale pour assurer leur production vers d'autres pays.
« De toute évidence, avec tout ce qui se passe entre les États-Unis et la Chine, il est difficile d'exporter depuis la Chine vers certaines régions » précise le PDG de Kyocera. Il fait référence au durcissement des sanctions américaines en Chine. En octobre 2022, l'administration Biden a décidé d'interdire à plusieurs entreprises chinoises d'importer des semi-conducteurs performants, mais aussi des machines permettant leur fabrication auprès d'entreprises américaines. Des pays comme le Japon ou les Pays-Bas se sont joints à cette sanction.
Quelques semaines plus tard, les États-Unis ont ajouté plusieurs firmes spécialisées dans les composants électroniques sur l'Entity List, la liste noire commerciale américaine. Tandis que Semiconductor Manufacturing International Co (SMIC), l'un des leaders chinois du secteur était déjà présent dans la liste, Yangtze Memory Technologies Corp (YMTC) y a été ajouté malgré ses tentatives pour ne pas y figurer.
Pékin tente de s'adapter aux sanctions, les entreprises étrangères également
Si YMTC connaît quelques difficultés depuis plusieurs mois, et a dû réduire d'environ 70 % ses commandes pour certains équipements nécessaires à la fabrication de puces, d'autres sociétés s'en sortent bien pour le moment. C'est le cas de SMIC, inquiète pour son activité en novembre 2022, mais qui signe une année 2022 record.
Le géant chinois des semi-conducteurs reste sur ses gardes après un quatrième trimestre moins prolifique que les autres. Le patron de la société chinoise, Zhao Haijun, espère « que le marché des smartphones et de l'électronique grand public puisse se redresser d'ici la fin de l'année » pour enregistrer des résultats corrects en 2023. D'autres géants chinois comme Baïdu avaient anticipé cette éventualité. Ils avaient stocké une grande quantité de composants électroniques, le temps de trouver une solution de repli.
Depuis la mise en place de ces restrictions, la Chine a décidé de compter plus que jamais sur elle-même. Xi Jinping affirmait quelques jours seulement après l'annonce de Washington que le développement économique de son pays passait par son autosuffisance technologique. Pour relancer son industrie des semi-conducteurs, le gouvernement chinois prévoit d'investir 143 milliards de dollars sur les cinq prochaines années. Cette somme permettra de lier les activités de recherches avec la production de puces performantes et ainsi, accélérer la fabrication de composants électroniques de qualité.
Si les entreprises chinoises tentent de composer avec ces sanctions, c'est aussi le cas des entreprises américaines, japonaises et néerlandaises qui perdent un marché lucratif. Le PDG de Kyrocera a blâmé les restrictions américaines, qu'il considère comme une des raisons principales de la baisse du bénéfice d'exploitation de son entreprise en 2022. D'autres ont tenté de s'adapter. Nvidia a adapté son offre en Chine, avec des puces moins performantes que celles disponibles sur son catalogue.
Un autre exemple est celui d'Apple. La marque à la Pomme qui avait délocalisé sa production en Chine est en train de progressivement quitter le pays. La firme de Cupertino se tournerait désormais vers l'Inde et le Vietnam.