Le rachat de l’entreprise de domotique iRobot par Amazon, pour un montant estimé à 1,65 milliard de dollars, pourrait ne pas voir le jour. L’Union européenne s’apprêterait à lancer une enquête préliminaire, pour évaluer les risques liés à la protection des données des consommateurs, avant d’entamer des poursuites en cas de pratiques douteuses avérées. Le flou qui demeure sur les intentions d’Amazon vis-à-vis de l’acquisition d’iRobot, attise les craintes des autorités européennes, mais aussi américaines.

Une acquisition critiquée

En août 2022, Amazon annonçait vouloir acquérir iRobot, société commercialisant des produits domotiques connectés, dont le robot domestique Roomba. Cet objet autonome est doté d’une batterie de fonctionnalités, telles que la reconnaissance vocale, facial et peut cartographier les pièces dans lesquelles il opère. Officiellement, le géant de l’e-commerce ambitionne de racheter iRobot pour diversifier son catalogue de produits connectés destinés à la maison, qui comprend déjà son assistant vocal Alexa et sa sonnette connectée Ring. Plusieurs associations ont signé une lettre conjointe dénonçant les finalités cachées d’une telle acquisition, attirant l’attention des autorités de régulation européennes.

Un aspirateur à données

Pour accomplir ses tâches quotidiennes, Roomba recueille des quantités massives de données sur ses propriétaires. Une enquête menée par la MIT Technology Review en décembre 2022 a démontré qu’une version en développement de l’aspirateur capturait des images intimes de ses détenteurs, qui se retrouvaient parfois diffusées sur des forums en ligne. Les régulateurs européens seront en charge de déterminer les motivations d’Amazon qui justifient l’acquisition, et d’évaluer les usages des données qui pourraient en découler.

De son côté, Amazon assure qu’aucune liaison ne sera créée entre les données recueillies par ses produits connectés et que la version récente de l’aspirateur connecté ne dispose que de capteurs basiques, qui n’outrepassent pas les limites fixées par les différents cadres réglementaires. La société a tenu à préciser à Reuters qu’elle travaillait étroitement avec des régulateurs, afin de garantir la conformité du rachat avec la législation européenne.

Des inquiétudes partagées par les régulateurs américains

De l’autre côté de l’Atlantique, l’acquisition ne fait pas l’unanimité. La Federal Trade Commission, gendarme du marché américain, examine actuellement la validité de l’accord. Plusieurs législateurs américains, dont la sénatrice démocrate Elizabeth Warren, ont appelé à annuler ce dernier, en raison de la menace que l’achat de iRobot peut faire peser sur l’équilibre du marché et sur le pouvoir d’achat des consommateurs.