La commissaire républicaine Christine Wilson vient d’annoncer sa démission de la Federal Trade Commission (FTC), agence fédérale chargée de surveiller les pratiques antitrust aux États-Unis. Dans un éditorial publié dans le Wall Street Journal, elle critique vivement la gestion de la Commission par Lina Khan.

Lina Khan est impopulaire auprès des républicains

Nommée à la tête de la FTC en 2021 par Joe Biden, Lina Khan a une approche bien plus agressive à l’encontre des big tech que ses prédécesseurs. Elle s’est notamment faite connaître, alors qu’elle était encore étudiante, en rédigeant un papier important dénonçant les pratiques anticoncurrentielles d’Amazon. Elle a dénoncé à plusieurs reprises la faiblesse des lois antitrust outre-Atlantique, et poursuit des affaires risquées et susceptibles de repousser les limites de la jurisprudence actuelle depuis qu’elle dirige la Commission, notamment en luttant plus férocement contre les monopoles numériques.

Qualifiée de « hipster antitrust » par les républicains, Khan est très impopulaire auprès des spécialistes antitrust plus conservateurs, dont Christine Wilson. « Je n’ai pas réussi, à plusieurs reprises, à persuader Mme Khan et ses complices de faire ce qui est juste, et je refuse de donner à leur entreprise tout autre signe de légitimité en restant sur place. En conséquence, je vais bientôt démissionner en tant que commissaire de la FTC », annonce la républicaine.

La FTC, qui doit normalement être composée de cinq membres, n’en compte désormais plus que trois, tous démocrates. Noah Joshua Phillips, un républicain, a démissionné en octobre, sans formellement s’en prendre à Lina Khan comme le fait aujourd’hui Christine Wilson. Joe Biden va donc devoir nommer deux nouveaux commissaires républicains, la Commission ne pouvant être occupée que par trois membres du même parti maximum.

Lina Khan.

Lina Khan. Photographie : Federal Trade Commission.

Lina Khan outrepasse les pouvoirs de la FTC, selon Wilson

Selon Wilson, Lina Khan « brise des décennies de précédents bipartisans et sapant la structure de la commission que le Congrès a inscrite dans la loi ». Elle fustige notamment le fait qu’avant d’être nommée à la FTC, Khan a affirmé que Meta devrait être interdite de mener de nouvelles acquisitions, et a ensuite décidé de bloquer son rachat de Within, ce qui démontre qu’elle est loin d’être impartiale. Cette manière de faire est préjudiciable pour la Commission, estime la républicaine. D’ailleurs, le recours de la FTC pour empêcher l’acquisition a été bloqué par un juge, et Meta détient désormais Within.

Christine Wilson assure que Lina Khan outrepasse les pouvoirs de l’agence, et fait valoir qu’en l’absence de législation adoptée par le Congrès pour restreindre les fusions, Khan « agit par décret ».

Cette décision tombe à un moment charnière pour la FTC, qui a entamé une procédure pour bloquer le rachat d’Activision Blizzard par Microsoft, et qui envisage également de poursuivre Amazon pour pratiques anticoncurrentielles. Elle reflète surtout la grande problématique des régulateurs américains : les lois couvrant les monopoles et pratiques anticoncurrentielles sont particulièrement obsolètes, et les législateurs peinent à s’entendre pour décider de nouveaux textes afin de mieux réguler les big tech qui, souvent, s’en sortent avec de simples amendes.