L’Union européenne a fait un nouveau pas en avant dans le développement de sa constellation de satellites de communication baptisée IRIS² (infrastructure de résilience, d’interconnectivité et de sécurité par satellite). Elle a pour but, notamment, de faire figure d’alternative face au réseau Starlink de SpaceX.

La souveraineté européenne en question

La guerre en Ukraine a mis en lumière le besoin de l’Europe de disposer de sa constellation de satellites de communication ; il s’agit également d’une étape nécessaire pour atteindre la souveraineté spatiale. Le dispositif IRIS² est discuté depuis 2021, et il a obtenu un accord politique entre le Parlement et l’exécutif européen en novembre 2022.

Ce mardi 14 février, le Parlement a voté à la quasi unanimité (603 voix pour, 6 contre et 39 abstentions) le déploiement de la constellation. « Les satellites européens IRIS² sont nés. Le vote d’aujourd’hui va permettre à l’Europe de renforcer son autonomie dans l’espace. Ces satellites seront utiles aux gouvernements, mais aussi aux citoyens, en apportant l’internet dans les zones les moins connectées », s’est enthousiasmé le député européen Christophe Grudler.

« Le dispositif garantira l’autonomie stratégique de l’UE dans le domaine des communications gouvernementales sécurisées, dans un contexte où les menaces de cybersécurité prennent de plus en plus d’importance, notamment après l’agression de la Russie contre l’Ukraine », assure le Parlement européen dans un communiqué de presse. Il s’agira d’un service de connectivité aussi bien civil que militaire. Dans ce sens, l’UE veut établir un partenariat entre le public et le privé et espère que les candidats prendront en charge une part du financement pour opérer les services commerciaux de la constellation, rapporte Les Échos.

Un « exemple de durabilité »

Le budget alloué à IRIS² est de 2,4 milliards d’euros jusqu’en 2027. L’Agence spatiale européenne (ESA), ajoutera un complément de 642 millions d’euros à cette somme. Désormais, l’UE va lancer ses premiers appels d’offres, gérés par l’ESA, auprès des constructeurs et opérateurs, tous Européens. D’ailleurs, la Commission encourage la participation de PME et de start-up au projet afin de booster le secteur spatial européen. Elle prévoit que la constellation soit lancée dès 2024, une date butoir qui semble tout de même précoce.

« Les députés ont veillé à renforcer les dispositions environnementales et la durabilité du système, en empêchant la prolifération des débris spatiaux et la pollution lumineuse, et en prévoyant une compensation de l’empreinte carbone pour pondérer les émissions liées à son fonctionnement », précise le Parlement européen. IRIS² sera un « exemple de durabilité », selon Christophe Grudler. Cette constellation sera la troisième de l’Europe, après Galileo et Copernicus.

Cette nouvelle intervient alors que Starlink a pris la décision d’interdire l’utilisation de ses satellites par l’armée ukrainienne. Il y a quelques jours, Amazon a en outre reçu l’approbation de la Commission fédérale des communications (FCC) pour déployer sa constellation Kuiper, qui devrait compter plus de 3 000 satellites.